La maladie coronaire est une vraie épidémie puisqu’on estime qu’en 2020, elle sera responsable de 11,1 millions de morts dans le monde. Elle occupe également la première place comme cause de morbidité et d’altération de la qualité de vie avec un coût direct de 45 milliards d’euros en 2003 en Europe générant un absentéisme de 90 millions de journées de travail. La fréquence cardiaque (FC) apparaît comme un déterminant majeur de l’ischémie myocardique. « La FC est un facteur prédictif d’événement cardiovasculaire chez les coronariens stables ayant une dysfonction ventriculaire gauche » a rappelé le Pr Kim Fox (Royal Brompton Hospital, Londres, Royaume-Uni) lors d’une session des « clinical trial updates ». Les coronariens ayant une FC de repos supérieure à 70 bpm ont un risque d’infarctus augmenté de 46 % et un surrisque de décès cardiovasculaire de 34 %. La réduction de la fréquence cardiaque devient un objectif thérapeutique à part entière notamment depuis la présentation des résultats de l'étude Beautiful.
L’étude BEAUTIFUL a déjà montré que, chez les patients ayant une fréquence cardiaque (FC) de plus de 70 bpm, l’ivabradine (Procoralan) améliore le pronostic coronaire. Une nouvelle analyse en sous-groupe publiée en ligne sur le site de l’European Heart Journal montre que l’ivabradine réduit significativement les évènements cardiovasculaires dans le sous-groupe des patients qui restent symptomatiques. « La présence d’une angine de poitrine limitante peut avoir un impact important sur la qualité de vie et peut affecter le pronostic » indiquent les auteurs. Les patients de BEAUTIFUL qui restaient symptomatiques au moment de l'inclusion, constituaient 13,8 % de l’effectif soit 1 507 patients dont 712 avaient une FC supérieure à 70 bpm. Ce contingent de patients, tout comme la population générale de Beautiful, bénéficiait d'un traitement optimal, la majorité (90 %) était notamment traitée par bêtabloquant. Dans cette analyse avec un suivi médian de 18 mois, l’ivabradine a été associée à une réduction de 24 % du critère primaire (mortalité cardiovasculaire et hospitalisations pour infarctus fatals et non fatals ou pour insuffisance cardiaque). Le bénéfice provient essentiellement de la réduction des hospitalisations pour infarctus qui reculent de 42 %. Le bénéfice est encore plus marqué chez les patients ayant une fréquence cardiaque supérieure à 70 bpm avec une réduction de 73 % des hospitalisations pour infarctus fatal ou non. « Le bénéfice de Procoralan se surajoute au traitement optimal » a précisé Jean Claude Tardif (Montréal, Canada). Néanmoins, il persiste des interrogations sur le rôle précis de la fréquence cardiaque dans une population tout venant de coronariens en pratique clinique. C’est pourquoi des données épidémiologiques sont nécessaires pour mieux apprécier l’importance de la FC chez des coronariens stables. Clarify est un registre mondial prospectif qui va suivre des coronariens pendant cinq ans. « Le registre est aussi réaliste que possible sans être basé sur des données hospitalières » a indiqué le Pr. Philippe-Gabriel Steg (Hôpital Bichat, Paris). 30 000 patients seront suivis dans 38 pays. L’objectif est de décrire les aspects cliniques et démographiques des coronariens avec une mesure standardisée de leur fréquence cardiaque. Il prévoit également un suivi des facteurs de risque et en particulier une estimation de l’évolution de la FC dans l’optique de proposer un outil de prédiction du risque basé sur la fréquence cardiaque. Les patients de CLARIFY sont des coronariens stables avec une maladie coronaire documentée : antécédent d’infarctus de plus de trois mois, une coronarographie montrant au moins une sténose coronaire de plus de 50 %, une épreuve d’effort ou une écho de stress positive ou une revascularisation par angioplastie ou pontage depuis plus de trois mois. Tous les médecins recruteront 5 à 15 patients consécutifs pendant une période limitée. « C’est important d’inclure sur une courte période pour une bonne représentativité afin d’éviter de sélectionner les patients » a précisé le Pr Steg. Le premier patient sera inclus en octobre 2009 et le suivi sera assuré jusqu’en 2015.
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