DE NOTRE CORRESPONDANTE
CHIRURGIENS digestifs, hépato-gastro-entérologues, oncologues digestifs, radiologues, anesthésistes-réanimateurs, urgentistes et cadres infirmiers de l'hôpital Ambroise-Paré de Marseille, établissement privé à but non lucratif, envisageaient depuis plusieurs années de travailler ensemble dans une « unité médico-chirurgicale digestive » (domaine qui concerne 40 % de l'activité de l'établissement) en partageant leur savoir-faire. Il y a trois ans, ils ont commencé par informatiser toutes les données concernant chaque patient dès son entrée dans l'établissement et tout au long de sa prise en charge. La dernière étape a été franchie avec l'entrée dans chaque dossier de l'ensemble de l'imagerie, incluant endoscopies, échographies, scanners, IRM, radio-fréquence.
Chaque médecin de l'établissement (y compris depuis son cabinet de ville) et chaque cadre infirmier concerné peut ainsi accéder immédiatement à l'ensemble des éléments diagnostics et thérapeutiques d'un patient. Dès que la loi pourra être appliquée, tout médecin traitant ou autre établissement hospitalier autorisé par le patient pourra également y accéder.
Outre les concertations informelles au fur et à mesure des besoins, l'ensemble de l'unité se réunit le mardi matin dès 7 h 30 pour discuter chaque dossier, et les médecins traitants sont invités à se joindre à elle lorsque l'un de leurs patients est concerné.
« La disparition des chefferies et la modification des rapports hiérarchiques constituent un important changement des mentalités », souligne le Dr Robert Castro, gastro-entérologue et président d'honneur de la commission médicale d'établissement (CME) d'Ambroise-Paré, qui a beaucoup œuvré à cette nouvelle organisation. Même pour les médecins plus jeunes, le partage des dossiers n'était pas facile : « On étale nos cas devant des confrères qui, tous libéraux, restent malgré tout des concurrents », reconnaît le Dr Bernard Signouret, chirurgien digestif et président de la CME. « C'est la mise en commun au sein d'une pathologie très vaste, de toutes les compétences à un égal degré : historiquement, cette notion n'existait pas, mais on en rêvait », ajoute cependant le Dr Vincent Valantin, hépato-gastro-entérologue.
De l'horizontal au vertical.
Tous se félicitent maintenant de ce passage « de la décision horizontale à la décision verticale ». Ils constatent les avantages d'une telle organisation en matière de qualité et de coordination des soins, qui permet notamment un gain de temps d'hospitalisation appréciable tant humainement que financièrement, et une parfaite évaluation des soins. « Nous avons commencé avant la loi, constate le Dr Castro, et nous nous félicitons que le législateur ait retenu les mêmes critères que nous ».
Après cette unité pionnière (il existe ailleurs des fédérations de services coordonnés mais qui gardent chacun son entité), les médecins des autres services se préparent à faire à leur tour leur mutation, sans attendre que la loi n'en fasse obligation, en 2007.
Petit mais costaud
Avec 240 lits dont 118 de chirurgie (54 pour l'unité médico chirurgicale digestive qui constitue 40 % de l'activité de l'établissement), 18 000 entrées et 12 000 actes chirurgicaux par an, l'hôpital Ambroise-Paré est loin d'être la plus grosse structure privée de Marseille. Il affiche pourtant une bonne santé financière et une belle vitalité. Accrédité dès 2001 par l'Anaes (Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé), il a également obtenu son agrément d'accueil des urgences (Upatou). Cent vingt médecins libéraux y exercent leurs spécialités et profitent d'un plateau technique important, en matière d'endoscopie et d'imagerie médicale notamment.
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