LE PIANISTE allemand Joachim Kühn fut une des figures emblématiques du free jazz et de la musique improvisée européenne voilà près d'une quarantaine d'années. Toujours à la recherche de nouveautés et d'expériences créatives, le musicien, né à Leipzig et habitant d'Ibiza, a décidé de réunir les impressions d'Afrique du Nord et d'Europe en s'associant au Marocain Majid Bekkas (guembri, oud, kalimba, chant) et à l'Espagnol Ramon Lopez (batterie), pour un projet intitulé « Kalimba » (Act/Harmonia Mundi), mettant en commun des cultures et des histoires différentes. Trois visions et approches musicales qui, rassemblées et fusionnées, donnent un style particulièrement cosmopolite, ouvert à l'autre et très world jazz (1).
Le guitariste Nguyen Lê s'est fait remarquer ces derniers temps par son approche très personnelle et peu conventionnelle de la musique de Jimi Hendrix, un de ses mentors. Poursuivant sa quête musicale et désireux de retrouver une partie de ses racines vietnamiennes, cet enfant de Barbès a fait appel à la chanteuse Huong Thanh, née à Saigon (aujourd'hui Hô Chi Minh-Ville) et installée en France depuis les années 1980, pour effectuer un plongeon au coeur des musiques traditionnelles du Vietnam et des compositions personnelles, avec quelques invités prestigieux comme Paolo Fresu (trompette/bugle), dans « Fragile Beauty » (Act/Harmonia Mundi). Le mariage entre l'ex-guitare post-hendrixien, le chant et la voix déroutants de Mlle Thanh, les instruments traditionnels asiatiques et l'apport de solides jazzmen débouchent sur une musique hybride hypercolorée.
Remises au goût du jour par la diaspora new-yorkaise, les musiques juives dépassent aujourd'hui largement la communauté. La compilation « New Jewish Music. » (V2 Music) rassemble certains des artistes et groupes qui, de Montréal à Paris, de Tel-Aviv à New York, bien sûr, participent à une sorte de « klezmer attitude » du XXIe siècle. Outre David Krakauer, figurent des musiciens comme Socalled (2), le Canadien Josh Dolgin, la violoniste classique Sophie Solomon, le rap déluré et latino des Hip Hop Hoodios, de Brooklyn deux formations klezmer et le DJ ukrainien de la Grosse Pomme, J.U.F. (Eugene Hotz).
Cultures mêlées.
Née à Jérusalem en 1975, la chanteuse Yasmin Levy est une authentique représentante du « ladino », un style musical judéo-espagnol teinté de tradition andalouse (le flamenco) centré sur les ballades et les chansons d'amour, dans lesquelles les textes ont une importance capitale. Pourtant, dans son dernier CD, « Mano suave » (World Village/Harmonia Mundi), la jeune femme, qui garde en mémoire les cultures d'autrefois, cherche plutôt à réconcilier chrétiens, Maures et judéo-espagnols, à travers notamment la composition de son groupe et le choix des mots (3).
Le trio Joubran – Samir, Adnan et Wissam (oud) – originaire de Nazareth, en Galilée, a également comme valeur de rapprocher les peuples dans une région particulièrement agitée. Comme les précédents, leur dernier album, « MaJâz » (Randana/Harmonia Mundi), est une ode à la paix et à la liberté. Mêlant thèmes arabes personnels et improvisations érudites de très haute tenue, les luths orientaux du trio Joubran – plus efficaces que des armes – lancent un appel à la dignité, à la reconnaissance et à l'espoir (4).
(1) Paris, Théâtre de la Ville, 22 octobre, 20 h 30.
(2) Paris, Le Divan du Monde, 23 octobre, 20 h 30.
(3) Paris, Théâtre de l'Atelier, 19 novembre, 20 h (tournée en régions).
(4) Paris, Café de la Danse, du 15 au 18 novembre (tournée en régions).
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