L'amaurose fugace, que l'on appelle aussi cécité monoculaire transitoire, représente environ 25 % des accidents ischémiques transitoires du territoire cérébral antérieur.
Lorsqu'elle est liée à une ischémie rétinienne, elle est considérée comme un accident dans le territoire de la carotide interne et comme un facteur de risque d'AVC ultérieur. Mais à quel niveau se situe ce risque d'AVC par rapport à un autre accident dans le territoire de la carotide interne, l'accident ischémique transitoire hémisphérique ? Pour le savoir, Oscar Benavente et coll. (North America Symptomatic Carotid Endarterectomy Trial Collaborators) ont conduit une nouvelle étude. Ce travail avait en fait deux objectifs : d'une part, comparer le risque d'AVC dans l'amaurose fugace et dans l'AIT hémisphérique et, d'autre part, d'évaluer l'efficacité de l'endartérectomie carotidienne dans l'amaurose fugace.
Etaient inclus des patient ayant présenté dans les six mois précédents un accident ischémique associé à une sténose de la carotide interne. Etaient exclus ceux qui avaient une cardiopathie emboligène et ceux qui avaient une maladie risquant d'entraîner un décès dans les cinq ans.
La cécité monoculaire transitoire était définie comme une perte partielle ou complète de la vison d'un il, d'origine ischémique, durant moins de 24 heures et récupérant complètement. L'accident ischémique transitoire hémisphérique était défini comme une dysfonction cérébrale focale d'origine ischémique durant moins de 24 heures.
Un scanner cérébral était effectué à la recherche d'un infarctus et dans le but d'éliminer une autre cause aux symptômes hémisphériques.
Risque d'AVC deux fois moindre au bout de trois ans
Deux groupes cliniquement homogènes ont été comparés : d'une part, des patients qui avaient eu une cécité monoculaire transitoire, d'autre part, des patients qui avaient eu un accident ischémique hémisphérique transitoire.
Au bout de trois ans, chez 198 patients avec amaurose fugace traités médicalement, le risque d'AVC ipsilatéral était approximativement la moitié de celui de 417 patients avec AIT hémisphérique traités médicalement.
Par ailleurs, les auteurs ont identifié six facteurs associés à un risque élevé d'AVC chez les patients ayant eu une cécité monoculaire transitoire : âge de 75 ans ou plus ; sexe masculin ; antécédents d'AIT hémisphérique ou d'AVC ; antécédent de claudication intermittente ; sténose carotidienne de 80 à 94 % ; absence de circulation collatérale.
Toujours dans la cécité monoculaire transitoire, à trois ans, le risque d'AVC sous traitement médical était de : 1,8 % pour zéro ou un facteur de risque ; 12,3 % pour deux facteurs de risque ; 24,2 % pour trois facteurs de risque ou plus (p = 0,003).
Endartérectomie : l'intérêt est fonction des facteurs de risque
A trois ans, la réduction absolue du risque d'AVC après endartérectomie carotidienne était de 2,2 % chez les patients ayant zéro ou un facteur de risque ; de 4,9 % chez ceux qui avaient deux facteurs de risque ; de 14,3 % chez ceux qui en avaient trois ou plus.
« Chez les patients qui ont une sténose de la carotide interne, le pronostic était meilleur chez ceux qui avaient eu une cécité monoculaire transitoire que chez ceux qui avaient eu un accident ischémique transitoire hémisphérique. Chez les patients avec cécité monoculaire transitoire, l'endartérectomie carotidienne peut être bénéfique quand d'autres facteurs de risque d'AVC sont également présents », concluent les auteurs.
« New England Journal of Medicine » du 11 octobre 2001, pp. 1084-1090.
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