On sait que la dénutrition est présente chez 20 à 30 % des patients cancéreux, la prévalence étant variable en fonction de la localisation et de l'extension de la tumeur (80 % pour les cancers digestifs, 36 % pour le cancer du sein), et qu'elle est responsable directement ou indirectement de près de 20 % des décès.
Lorsque la perte de poids résulte de la diminution des apports alimentaires, consécutive à des effets secondaires des traitements (nausées, vomissements, perte de l'appétit) ou à l'obstacle mécanique lié à la localisation de la tumeur, les conseils diététiques et les interventions nutritionnelles conventionnelles peuvent permettre une reprise de la courbe pondérale.
Ce n'est pas le cas chez une grande partie de malades dont la dénutrition est d'origine tumorale, conséquence des anomalies métaboliques entraînées par l'action des sous-produits d'origine tumorale sur le système endocrinien. En effet, au cours de ces dernières années, la recherche a mis en lumière le rôle des médiateurs de cachexie cancéreuse, à savoir les cytokines pro-inflammatoires (IL1, IL6, TNF-alpha), les hormones augmentant la perte musculaire (cortisol, glucagon), le facteur protéolytique (PIF) et le facteur de mobilisation des lipides (LMF). Ainsi, la réponse inflammatoire aiguë apparaît au cur de la balance énergétique constamment négative : les dépenses énergétiques de base sont augmentées, tandis que des apports alimentaires spontanés sont diminués (par rapport aux sujets témoins, les patients ayant un cancer du pancréas inflammatoire consomment 50 % d'énergie de plus).
L'effet inhibiteur des acides gras oméga-3
En effet, une nouvelle approche nutritionnelle est apparue à la suite de travaux démontrant l'effet inhibiteur des acides gras oméga-3 (les huiles de poissons gras en sont la source principale) et, notamment, de l'acide eicosapentaénoïque (EPA) sur les cytokines pro-inflammatoires, ce qui entraîne une diminution de l'anorexie et de la réponse inflammatoire aiguë, et s'accompagne d'une baisse de la dépense énergétique de repos. En outre, l'EPA a un effet inhibiteur sur le PIF, ce qui va permettre de diminuer la protéolyse musculaire.
D'où l'idée d'élaborer un aliment diététique à des fins médicales spéciales, ProSure, une formule qui vise une synergie des apports énergétiques et de l'EPA (1,1 g pour 240 ml), avec l'espoir de favoriser la reprise de la courbe pondérale et de modifier l'évolution de la cachexie cancéreuse.
Plus 2 kg à 7 semaines
Dans une étude clinique pilote ouverte (Barber et coll.), portant sur 20 patients atteints d'un cancer du pancréas inopérable et dont la perte de poids médiane était de 2,9 kg par mois, ProSure a été donné (deux fois 237 ml par jour) en plus de leur alimentation. Il en ressort que les patients avaient un gain pondéral médian de 1 kg à 3 semaines et 2 kg à 7 semaines ; c'était un gain de masse maigre ; la masse grasse n'a pas augmenté significativement. Après trois semaines de supplémentation, la dépense énergétique de repos a diminué, les apports alimentaires quotidiens ont augmenté d'environ 400 kcal/j, l'appétit des patients s'est accru ainsi que leurs capacités fonctionnelles (mesurées par l'index Karnofsky).
Une deuxième étude menée chez 20 patients a montré que la prise de ProSure apportant 600 kcal et 2 g d'EPA en complément de l'alimentation diminuait la proportion des patients excrétant le PIF ainsi que les concentrations sériques de marqueurs d'inflammation, tels que l'IL6 et le cortisol.
Un autre essai, en cours d'analyse, plaide également en faveur d'une augmentation plasmatique de l'EPA, pour obtenir une meilleure utilisation des apports protéino-énergétiques par l'organisme et le gain de masse maigre chez les patients cancéreux.
Conférence de presse organisée par les Laboratoires Abbott.
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