De notre correspondante
Eviter les hospitalisations en urgence, évaluer correctement les troubles du comportement et permettre le maintien au lieu de vie : voilà les principaux objectifs du premier centre d'hospitalisation brève de neuropsychogériatrie (NPG) en Rhône-Alpes, qui vient d'être créé à l'initiative du CHU de Saint-Etienne.
Dotée de 20 lits d'hospitalisation en court séjour et soins de suite, cette unité doit accueillir des patients âgés de plus de 65 ans souffrants de troubles cognitifs débutants et sévères, à l'exclusion des pathologies psychiatriques, des personnes grabataires et en fin de vie. Son ouverture, d'abord prévue pour le début de mai, a finalement été repoussée d'un mois, « afin d'optimiser l'organisation du service », explique le Pr Régis Gonthier, responsable de cette nouvelle unité.
Située à la croisée de la neurologie, de la psychiatrie et de la gériatrie, le nouveau service - aux sens propre et figuré du terme - vise à anticiper la prise en charge des patients atteints de troubles cognitifs. Dans le dessein d'éviter l'hospitalisation d'urgence, puis de favoriser le maintien à domicile.
Un suivi complexe
Parmi les malades attendus, « plus de 60 % seront atteints d'une maladie d'Alzheimer », estime le responsable de l'unité. « Avec le vieillissement de la population, nous sommes de plus en plus confrontés aux troubles cognitifs, constate-t-il. Nous devons donc être capables de dépister la maladie au moyen des consultations mémoire : c'est ce qui se développe en France, en lien avec des neurologues et des gériatres qui font de l'évaluation neuropsychologique dans tous les grands centres hospitaliers. »
« Nous devons également êtres capables de suivre correctement la maladie », ajoute le Pr Gonthier. Or, ce suivi se révèle complexe. Il s'agit de maladies chroniques, invalidantes, qui engendrent de multiples tensions au sein des familles. Des tensions elles-mêmes sources de troubles du comportement chez les malades. « Pour être efficace, nous savons qu'il est aujourd'hui nécessaire d'avoir des équipes spécialisées et pluridisciplinaires », observe le spécialiste.
Pour créer cette unité, dite NPG, l'équipe stéphanoise s'est d'abord appuyée sur toutes les données colligées en gérontopsychiatrie. Elle a également tiré les leçons de l'expérience acquise par les Toulousains au sein des premières unités Alzheimer créées en France. Bien que les patients soient potentiellement admissibles dès l'âge de 65 ans, l'équipe s'attend à recevoir des personnes bien plus âgées : « Nous savons, par le PMSI, que, si le début de la maladie peut être relativement précoce, les deux tiers des patients ont généralement plus de 80 ans », précise le Pr Gonthier. Son équipe sait également que les admissions se feront selon deux cas de figure. Premier cas : « Celui de la personne qui présente un ralentissement intellectuel encore non traité, alors que la maladie évolue depuis quelque temps ». Or, les situations de retard du diagnostic sont encore fréquentes, notamment au sein des familles peu « médicophiles ». De leur côté, les urgentistes en témoignent également : ils ont encore trop souvent à gérer des personnes âgées ayant deux, voire trois années de démence derrière elles, sans aucune prise en charge. Second cas de figure : la maladie aura souvent été repérée et diagnostiquée ; le patient est souvent suivi en médecine générale, mais ses troubles du comportement évoluent et posent problème à la famille. « Il est donc important d'avoir un lieu de soins spécialisé, disposant d'un volet thérapeutique autour de la famille, géré par des psychologues, et d'un autre volet autour de l'amélioration de la prise en charge sociale avec une recherche de solution lorsque le maintien à domicile n'est pas possible », argumente le Pr Gonthier.
Travail en réseau
En court séjour, il sera proposé de faire un bilan, avec un recours à l'imagerie médicale si nécessaire. Puis l'équipe s'emploiera à évaluer le milieu et le devenir des personnes hospitalisées. « Cette étape de soins de suite est une phase de projet que l'on fait en commun avec la famille », précise ce médecin. Cela suppose un travail en réseau aux côtés de l'hôpital de jour psychogériatrique, des centres de jour qui se mettent actuellement en place au niveau de la région stéphanoise et qui accueillent des malades stabilisés dont la famille s'épuise un peu, ainsi que des centres de long séjour et des maisons de retraite traditionnelles et médicalisées.
L'unité d'hospitalisation brève NPG vient donc s'imbriquer dans une filière de soins. Une filière dont le fonctionnement optimal ne pourra, cependant, être obtenu sans une implication plus importante des médecins libéraux, et plus particulièrement des neurologues qui revendiquent la réalisation de consultations mémoire au cabinet.
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