En réalisant une cartographie de la maladie d'Alzheimer et de sa prise en charge en institution, la fondation d'entreprise Eisei a voulu extrapoler, à partir de données officielles (INSEE, DRASS et étude Paquid de l'INSERM), le manque à venir de lits en institution. Selon les auteurs de l'étude, on dénombrera en 2010, à prise en charge (traitements et unités de soins) égale à celle d'aujourd'hui, près de 840 000 victimes de la maladie, tandis que 120 000 places en institution feraient défaut...
A ce jour, la maladie d'Alzheimer est la cause de démence la plus fréquente avec 611 500 personnes de plus de 75 ans touchées, mais seul un patient sur deux est diagnostiqué. Toujours, selon les données de l'étude Paquid, 40 % de ces personnes vivent en institution. Pourtant, « les études montrent que le traitement symptomatique permet de retarder l'institutionnalisation d'au moins deux ans », explique le Pr Françoise Forette, présidente de la Société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG). Mais pour mettre en route le traitement avant la perte de dépendance, il faut que la maladie ait été diagnostiquée assez tôt.
Selon le Pr Jacques Touchon (Montpellier), « il est essentiel de respecter la plainte du patient » et de ne jamais minimiser ses inquiétudes quant à une éventuelle perte de mémoire. On arrive aujourd'hui à définir le risque d'Alzheimer aussi bien que le risque d'infarctus, estime le spécialiste. Une patiente âgée, avec des antécédents familiaux de troubles cognitifs, hypertendue ou présentant une hypercholestérolémie, avec un bas niveau de stimulation cognitive et sociale, doit alerter.
Repérer les sujets à risque
« Ce repérage est le fait du médecin de famille », explique Jacques Touchon, qui déplore le manque de formation des médicaux et paramédicaux dans ce domaine. « Il est inadmissible, remarque le Dr Patrick Métais (Neuilly), qu'un patient puisse être hospitalisé pour une affection quelconque et ressortir sans que personne n'ait remarqué ses troubles cognitifs. » Au domicile, où de nombreux patients vivent complètement isolés (sans famille ni aide à domicile), la situation est encore plus problématique. Une échelle d'évaluation est en cours d'élaboration avec l'INSERM, mais en attendant, le moindre doute doit faire orienter le patient vers une consultation mémoire.
Adapter sa structure d'accueil aux patients
L'architecte Brigitte Chaline déplorait l'aberration des structures existantes, dont les couloirs interminables désorientaient les patients, dont les dallages noirs les inquiétaient, dont l'ambiance carcérale les angoissait. Elle a donc publié un Manuel de conception architecturale destiné aux structures d'accueil spécialisées Alzheimer, afin de « concilier liberté et sécurité pour chacun ».
Ce manuel est disponible sur demande auprès de la fondation Eisei, tél. 01.47.67.00.05, laboratoire@eisei.net.
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