La maladie d'Alzheimer, avec 110 000 nouveaux cas par an, dont les deux tiers surviennent chez des sujets de plus de 80 ans, retient depuis ces dernières années l'attention des pouvoirs publics, car il n'existe pas de stratégie de prévention « prouvée » pour cette affection.
Si, pour la démence vasculaire, existe la correction de l'hypertension artérielle et la prévention des accidents vasculaires cérébraux, d'autres causes d'altération des capacités cognitives invalidantes dans la vie quotidienne (démence à corps de Léwy, démence fronto-temporale), peuvent échapper, elles aussi, à des dépistages précoces et « de certitude ».
Identifier et orienter
De fait, sur les 600 000 cas de démence, dont 400 000 d'Alzheimer, seulement la moitié serait diagnostiquée et un tiers traité. Et un doublement du nombre des cas est prévisible entre 1990 et 2020. C'est dire l'importance d'un diagnostic de qualité, conjugué à une prise en charge personnalisée préservant la dignité des patients. Il s'agit là de l'un des points forts du Programme d'action pour les personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer et de maladies apparentées qu'ont présenté les ministres chargés de la Santé, de la Solidarité et des Personnes âgées.
Des outils d'évaluation des fonctions cognitives, adaptés à la pratique en médecine générale, vont être élaborés et validés par l'INSERM. 2,3 millions de francs sont consacrés à la formation des généralistes, par 300 de leurs confrères devenus « praticiens des consultations mémoire de proximité (CMP) et/ou des centres mémoire de ressource et de recherche ».
Pour les CMP libérales ou hospitalières, qui doivent être implantées un peu partout sur le territoire (35 millions de francs), les pouvoirs publics soulignent la nécessité de recruter des neuropsychiatres et d'élaborer un cahier des charges ainsi qu'un plan de formation médicale commun regroupant les organismes de FMC et les universitaires de neurologie, de gériatrie et de médecine générale. Certaines situations, relatives à des sujets jeunes ou caractérisés par un profil pathologique complexe, réclament une expertise complémentaire de celle effectuée en CMP, et il est prévu de multiplier les centres mémoire de ressource et de recherche (5 millions de francs).
Soutenir et informer
malades et familles
Les pouvoirs publics doivent aider les personnes atteintes à financer les soutiens qui leur sont utiles pour compenser leur perte d'autonomie. Ils doivent soutenir les « aidants familiaux » en encourageant les « réseaux d'entraide » et des « groupes de paroles ». Outre le dispositif de l'Allocation personnalisée d'autonomie (APA), applicable dès janvier 2002 et cofinancé par les conseils généraux et la solidarité nationale (16,5 milliards de francs par an en 2002-2003), un coup de pouce est donné aux accueils de jour (3 160 places). Quelque 7 000 places vont être créées en 4 ans, sur la base d'un tarif journalier pour l'assurance-maladie de 150 F. Le coût restant est à la charge de la famille (78,75 millions de francs). Actuellement, 75 % des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer vivent à domicile et la prise en charge financière, principalement assumée par la famille, est lourde : 400 F par jour pour une surveillance de 8 heures et de 20 000 à 30 000 F par mois pour une garde de 24 heures. La création en 5 ans de 1 000 centres locaux d'information et de coordination, dont 160 en 2002 (150 millions de francs), participe aussi de cet effort.
De leur côté, les Etablissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et les structures de soins longue durée, dans lesquels résident 600 000 personnes, dont la moitié souffre de troubles démentiels à des stades souvent avancés, recevront un renfort d'aides-soignants et d'aides médico-psychologiques et bénéficieront d'une formation de médecins coordonnateurs. Pour les 300 000 femmes et hommes à domicile, les places en hébergement temporaire devraient être multipliées. Sept cent cinquante seront ouvertes l'année prochaine (49,50 millions de francs), 3 000 en 4 ans, sur la base d'un tarif journalier pour l'assurance-maladie de 220 F.
Enfin, les études et les recherches* sont promises à l'expansion. Près de deux millions de francs serviront à financer la réalisation d'un « module d'éducation à la santé » visant à aider les professionnels « à suivre et à accompagner les patients et leurs familles ». Il en coûtera en tout 338 millions de francs, en plus des 16,5 milliards de francs à l'APA, et des 6 milliards aux EHPAD.
Une politique de prise en charge gériatrique
Au total, cette approche, qui associe le médical et le social, le préventif et le curatif, pourrait servir à promouvoir une « politique de prise en charge gériatrique », soulignent les ministres.
Une réflexion est engagée sur la prévention à domicile, l'accueil gériatrique aux urgences et la prise en charge médico-psycho-sociale par une équipe pluridisciplinaire dans un pôle gériatrique reconnu. Des propositions pour une politique coordonnée de soins gériatriques devraient être faites prochainement.
* Deux études sont en cours, l'une coordonnée par Annick Alpérovitch (INSERM), l'autre par le Pr Bruno Vellas (CHU Toulouse).
Coup d'envoi de la Semaine bleue
La secrétaire d'Etat aux Personnes âgées, Paulette Guinchard-Kunstler, a donné lors d'une conférence de presse le coup d'envoi de la Semaine bleue, qui, du 15 au 21 octobre, vise à « informer et sensibiliser l'opinion publique sur la contribution des retraités à la vie économique, sociale et culturelle ». Créée sous l'impulsion de l'Union nationale interfédérale des uvres et organismes privés sanitaires et sociaux (UNIOPSS), la Semaine bleue a pris le relais il y a quinze ans de la Semaine nationale des retraités et personnes âgées, instituée en 1951. « Il faut refuser l'idée selon laquelle vieillir, c'est déchoir. Vieillir, tout au contraire, c'est le mouvement naturel de la vie qui trouve dans cette nouvelle phase un nouveau tempo, de nouvelles richesses, des plaisirs et des attraits différents », a souligné la ministre.
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