Chez les patients atteints de maladie d'Alzheimer, il existe de façon conjointe un déficit en acétylcholine et un excès de glutamate au niveau ses synapses. Les recherches thérapeutiques ont pris en compte ces données afin de développer les molécules qui agissent sur les signes cliniques de l'affection. Si la voie de l'acétylcholine a déjà permis de mettre sur le marché français cinq molécules dotées d'une activité inhibitrice de l'acétyl cholinestérase, celle du NMDA ne s'est concrétisée que récemment, avec la mise sur le marché d'Ebixa, le premier antagoniste de ces récepteurs.
Parmi les neurotransmetteurs cérébraux, le glutamate joue un rôle prépondérant : 40 % des synapses cérébrales, en effet, sont glutamatergiques. Libéré par exocytose en réponse à un potentiel d'action, le glutamate interagit avec ses récepteurs postsynaptiques ionotropiques (NMDA, AMPA ou kaïnate) et métabotropiques. Chez les patients souffrant de maladie d'Alzheimer - comme chez certains épileptiques et des sujets atteints de sclérose latérale amyotrophique (SLA) -, il existe une libération excessive de glutamate associée à une neurodégénérescence secondaire. En présence de protéine bêta amyloïde, la toxicité du glutamate est majorée. Or la maladie d'Alzheimer se caractérise par deux entités histochimiques : la dégénérescence neurofibrillaire qui fait intervenir la protéine tau et l'apparition de plaques séniles, principalement constituées de dépôts de protéine bêta amyloïde insoluble.
Le glutamate en excès
L'origine précise de l'excès de glutamate au niveau synaptique n'est pas encore parfaitement déterminée : elle pourrait en effet être liée soit à une augmentation anormale de la libération de glutamate dans la fente synaptique, soit à une diminution de la recapture du glutamate. Le glutamate devint alors neurotoxique en entraînant une dysrégulation des récepteurs NMDA. Ces récepteurs hyperstimulés vont être à l'origine du bruit de fond élevé permanent dépendant d'un phénomène calcique et d'une réduction de la potentialisation à long terme impliquée dans les processus cognitifs, mnésiques, l'apprentissage et les comportements.
La mémantine permet de bloquer les canaux ioniques des récepteurs NMDA malgré une stimulation continue par le glutamate, réduisant ainsi le bruit de fond, permettant à nouveau une potentialisation à long terme et restaurant la transmission neuronale.
La mémantine a été testée chez des patients ambulatoires présentant des formes modérément sévères à sévères durant vingt-huit semaines à la dose de 20 mg et en comparaison du placebo.
La vie quotidienne et la cognition
A six mois, la mémantine a permis une action significative sur le fonctionnement global, sur les activités de la vie quotidienne ainsi que sur la cognition. Parallèlement, le nombre d'entrées en institution à six mois a été minoré chez les patients traités et les investigateurs ont observé une réduction significative du temps moyen passé par les aidants auprès des patients (baisse de quarante-cinq heures par mois).
Une autre étude a évalué l'intérêt de la mémantine chez 167 patients institutionnalisés (49 % de maladie d'Alzheimer et 51 % de démences vasculaires). Une amélioration globale significative contre placebo a été montrée dès le premier mois chez plus de 60 % des malades. Au terme de trois mois, près de deux tiers des patients étaient améliorés par le traitement tant du point de vue des activités quotidiennes que du fonctionnement global.
Une conférence de presse organisée par les Laboratoires Lundbeck.
Instauré par les spécialistes, renouvelé par les généralistes
Le traitement par Ebixa doit être mis en place et supervisé par des médecins entraînés au diagnostic et au traitement de la maladie d'Alzheimer au stade démentiel. La prescription initiale est réservée aux médecins spécialistes en neurologie, en psychiatrie, aux médecins spécialistes titulaires du DES complémentaire en gériatrie ou qualifiés en médecine générale et titulaires de la capacité en gérontologie.
En pratique, Ebixa se présente sous forme de comprimés sécables dosés à 10 mg, conditionnés en boîtes de 56 ou 112 (conditionnement hospitalier) et sous forme de solution buvable dosée à 10 mg par gramme en flacon de 50 g.
Le coût de traitement journalier est de 3,52 euros pour la forme comprimés et de 3,55 euros pour la forme gouttes. La posologie quotidienne recommandée est de 20 mg par jour. Elle doit être atteinte de façon progressive par paliers de 5 mg par semaine au cours des trois premières semaines.
Ebixa a été reconnu par les autorités sanitaires françaises comme le traitement de première intention des formes sévères de la maladie (MMS entre 3 et 9 ; ASMR niveau II) et comme un traitement alternatif possible des formes modérément sévères (MMS entre 10 et 15 ; ASMR niveau V en l'absence d'études comparatives contre les anticholinestérases).
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