L A nouvelle était annoncée dans le « Herald Tribune » du 12 avril. Un premier essai de thérapie génique dans la maladie d'Alzheimer a été réalisé, le 10 avril, aux Etats-Unis. La tentative était attendue, puisque, à la suite d'expérimentations réussies chez le singe (« le Quotidien » du 16 février) le passage chez l'humain était programmé.
C'est la même équipe, celle de Mark Tuszynski (San Diego, Californie), qui a donc implanté dans le cerveau d'une femme de 60 ans des fibroblastes modifiés génétiquement. Ils codent pour un facteur de croissance nerveux, introduit dans ces cellules via un vecteur viral. Un demi-million de cellules ont été ainsi implantées chirurgicalement en 5 sites de l'hémisphère droit. Grâce des moyens sophistiqués d'imagerie, Hoi Sang U et son équipe de neurochirurgiens ont pu viser, à la base du lobe frontal, le noyau basal de Meynert. Cette zone est riche en cellules cholinergiques, dont on sait qu'elles sont atteintes au cours de l'Alzheimer et qu'elles jouent un rôle fondamental dans le processus de la mémorisation. Les travaux antérieurs chez les rongeurs et le singe ont montré que ce type de greffe peut améliorer la fonction et la survie de ces cellules cholinergiques.
La patiente, une ancienne enseignante, est atteinte d'une forme débutante de la maladie. Le but avoué des médecins est un ralentissement de l'évolution de la maladie, voire une préservation de certaines facultés cognitives, comme apprendre et mémoriser.
Les médecins redoutent des complications en rapport avec la non-sélectivité des facteurs de croissance. Ils vont, entre autres, être vigilants quant à l'apparition de saignements, de tumeurs, de douleurs chroniques ou d'une perte de poids. Un des écueils majeurs du traitement est qu'en cas d'intolérance, l'ablation des greffons est impossible.
Il se passera plusieurs semaines avant de pouvoir déceler une quelconque action sur les fonctions cognitives de la patiente et plusieurs années avant de parler d'efficacité.
Sept autres interventions sont prévues.
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