A GE et troubles cognitifs sont intimement liés. Si des études par IRM ont permis de mieux caractériser les structures anatomiques en cause chez des patients symptomatiques (cortex entorhinal et hippocampe), les stratégies préventives se heurtent toujours à la difficulté de prévision de ce type d'affection. Une équipe de chercheurs new-yorkais a proposé de pratiquer un suivi par des techniques d'imagerie fonctionnelle (tomographie par émission de positrons, PET) de sujets âgés ne présentant pas de troubles de la mémoire afin de déterminer si des lésions fonctionnelles précèdent l'apparition des troubles.
Pour cela, ils ont pratiqué régulièrement pendant 36 mois des examens cliniques, psychologiques, psychiatriques et de médecine nucléaire (PET guidé par une IRM). Les tomographies par émission de positrons ont été réalisées après injection d'un traceur, le 2 fluoro-2 Déoxy-D Glucose, qui se fixe préférentiellement sur les neurones et permet d'en estimer l'activité.
Quarante-huit sujets sains de 60 à 80 ans ont été inclus dans l'étude. Ils ont été choisis parmi un groupe de 105 personnes qui avaient reçu une éducation moyenne ou supérieure (plus de 12 ans) et dont le test MMSE (Mini Mental Status Examination) était supérieur à 28. « A l'inclusion dans l'étude, l'examen par PET a permis de détecter une réduction du métabolisme glucidique dans certaines parties du cerveau chez 12 des participants (âge moyen, 72 ans). Trois années plus tard, 11 de ces personnes avaient développé des troubles de la mémoire et la douzième était atteinte de la maladie d'Alzheimer », explique le Dr Mony de Leon (New York, Etats-Unis). En revanche, les sujets pour lesquels les résultats du PET étaient normaux n'avaient développé aucun trouble trois ans plus tard.
Cortex entorhinal et hippocampe
Les structures anatomiques à métabolisme diminué dans cette étude - cortex entorhinal et hippocampe - avaient déjà fait l'objet d'études anatomiques (scanner et IRM). Leur rôle chez les personnes atteintes de troubles de la mémoire dégénérant secondairement en une maladie d'Alzheimer, avait déjà été évoqué. « La relative brièveté du suivi ne nous permet pas de préciser l'éventuelle majoration des atteintes fonctionnelles chez ce type de sujets, mais nous envisageons maintenant de suivre par PET les 11 personnes chez qui des troubles de la mémoire ont été détectés afin de mieux comprendre le lien entre fonctions physiologiques et expression clinique », ajoutent les auteurs.
Chronologiquement, la première des structures anatomiques atteintes par une diminution des capacités métaboliques était le cortex entorhinal. « Mais notre étude suggère aussi que ce trouble ne suffit pas à lui seul à expliquer l'apparition de signes cliniques. En effet, le suivi régulier par PET a permis de déterminer que, chez les patients dont les fonctions mnésiques ont diminué, des atteintes fonctionnelles de l'hippocampe et du néo-cortex se sont systématiquement ajoutées », précise le Dr de Leon.
Une baisse du transport du glucose
Le mécanisme qui sous-tend cette diminution du métabolisme de certaines régions du cerveau chez les patients atteints de maladie d'Alzheimer, reste encore mal connu. Les investigateurs suggèrent que l'hypométabolisme pourrait être directement lié à une baisse du transport du glucose dans les zones atteintes par des départs bêta amyloïdes ou que la mort cellulaire de certains neurones s'exprime par une baisse des consommations en glucose avant toute traduction clinique.
Si le Dr de Leon reconnaît qu'à terme ce type de techniques pourrait permettre de détecter les sujets le plus menacés de troubles de la mémoire, il estime qu'il est encore trop tôt pour généraliser cette méthode de dépistage.
Une seconde phase de recherche va s'attacher à identifier les facteurs biologiques et physiologiques qui conduisent à cette transformation du métabolisme cérébral. C'est l'identification de ces facteurs qui pourrait faire entrevoir des pistes thérapeutiques préventives et/ou curatives.
« Proceedings of the national Academy of Sciences », vol. 98, n° 19, 11 septembre 2001.
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