Le TEMPS DE LA MEDECINE
Le vieillissement normal n'entraîne pas d'altération des fonctions cognitives utilisées pour la conduite. L'expérience, comme les statistiques et les études scientifiques, montre que les personnes adaptent spontanément leur conduite quand elles vieillissent.
Le nombre de kilomètres parcourus diminue avec l'âge. Si l'on rapporte le nombre d'accidents au nombre de kilomètres parcourus, les personnes âgées ont moins d'accidents. Plus on est jeune, plus on conduit. A partir de 65 ans, la courbe est linéairement décroissante. D'ailleurs, les primes d'assurance sont inférieures à celles des jeunes. Les cas spectaculaires publiés dans la presse correspondent à des pathologies.
Il n'existe pas actuellement d'examens de dépistage, mais ils ne se justifient pas spécialement avec le vieillissement normal, en dehors des pathologies.
Les deux grands problèmes sont représentés par la vision (voir page 14) et les fonctions cognitives.
L'automobile est un outil de liaison sociale. C'est un moyen de sortir, d'aller voir d'autres personnes. Il faut faire très attention et bien peser les conséquences en fonction de la dangerosité éventuelle, car, si on supprime la conduite automobile, on risque de rendre les patients dépendants. Il faut donc prendre en considération ce qu'entraînerait dans la vie de tous les jours une suppression du permis de conduire.
D'ailleurs, si une surveillance devait être instituée, elle ne devrait pas être réservée aux personnes âgées ; elle est nécessaire à tout âge.
Les cas où il faut intervenir concernent plus fréquemment les démences fronto-temporales débutantes, où les fonctions exécutives sont touchées, avec une anosognosie (ignorance et négation par le patient de son déficit).
Néanmoins, dans tous les types de démence (Alzheimer, à corps de Lewy, fronto-temporale et vasculaire), il existe une altération des fonctions cognitives.
Un bilan dans un centre de mémoire
Devant un patient qui présente des troubles cognitifs, le dialogue est indispensable avec lui et son entourage. On doit d'abord indiquer un bilan dans un centre de la mémoire.
Si, au volant, le patient semble à risque, le médecin traitant doit essayer de trouver une façon de le convaincre d'abandonner la conduite. Il est indispensable qu'il s'en rende compte et collabore.
S'il n'est vraiment pas réceptif, il convient de donner les explications à la famille, de préférence en sa présence. Une action administrative est possible (voir encadré).
Il n'existe pas d'attitude systématique, mais une discussion au cas par cas, selon les patients et le type d'atteinte, qui est plus précoce dans les démences fronto-temporales. Si, sur l'analyse des tests, on décèle une altération des fonctions d'attention, de décision, et qu'il existe des troubles du jugement, on essaye d'empêcher le patient de conduire.
Néanmoins, lorsque le MMS (Mini Mental State) est aux alentours de 17 (ce qui correspond à un stade de démence modérée), en règle générale, les sujets ne sont plus capables de gérer les carrefours complexes, où il faut prendre des décisions complexes.
Article rédigé avec le concours du Dr Laurence Hugonot-Diener (gérontologue, CEPEVI, Paris).
Le nombre d'accidents en fonction de l'âge
Des Américains (Friedland et coll.) ont établi un calcul du nombre d'accidents en fonction du nombre de kilomètres parcourus et de l'âge :
- 7,7 chez les 75-79 ans ;
- 15,1 chez les 80-84 ans ;
- 38,8 chez les plus de 85 ans ;
- 28,1 pour les malades atteints de Parkinson, avec un MMS supérieur à 27, et 93,1, si le MMS est inférieur à 27 ;
- 263,2 pour la maladie d'Alzheimer, avec un MMS moyen de 17.
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