Bien qu'aucun médecin alsacien ne se soit encore déconventionné, beaucoup envisagent sérieusement de franchir ce pas, comme les syndicats locaux les y incitent parfois. Mais les syndicats préconisent un mouvement « massif et collectif », pour éviter les risques liés à des actions individuelles.
« Cela fait déjà deux ans que nous réfléchissons à ce geste, qui nous semble maintenant justifié face à une situation de plus en plus intenable », explique le Dr Pascal Charles, pneumologue et président de la CSMF 67. Le syndicat a envoyé une lettre type de déconventionnement à ses adhérents et collecte actuellement les réponses. Il se prononcera sur un mot d'ordre en fonction du nombre de réponses qu'il recevra, et précise qu'il n'est pas question de « laisser quelques isolés partir au casse-pipe ». Il s'agit d'une mesure grave et lourde, qui doit se prendre dans la discipline, souligne le Dr Charles.
Le Dr Jean-Luc Seegmuller, président du Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF) et du Groupement des spécialistes du Bas-Rhin (CSMF), constate « la très forte motivation de tous ses confrères », et estime que le refus du règlement minimal, stimulé par les dernières déclarations ministérielles, va continuer à s'amplifier, tant régionalement que nationalement. La section alsacienne du SNOF centralise, elle aussi, de nombreuses lettres de refus du RCM et les ophtalmologistes de la région sont, comme dans le reste du pays, particulièrement engagés dans le mouvement.
Parallèlement, l'Association des médecins libéraux d'Alsace, présidée par une gynécologue de Colmar, le Dr Claire Tschupp, fait circuler une motion invitant les médecins à refuser le règlement conventionnel minimal, à l'image des actions entreprises par les coordinations d'autres régions. Pour le moment, explique le Dr Tschupp, « nous préférons exprimer notre refus du règlement minimal, ce qui équivaut à un déconventionnement de fait, plutôt que d'annoncer notre déconventionnement. Mais cette attitude est susceptible d'évoluer en fonction des évènements ».
Même si les caisses de la région ont déjà eu vent des mots d'ordre qui circulent parmi les médecins, aucune d'entre elles ne semble vouloir imiter pour le moment la très célèbre caisse de Nantes. « Il n'y a pas de conflit en Alsace », résume le directeur de la CPAM de Strasbourg, M. Richert, qui souligne que, en dehors « d'une ou deux lettres envoyées par deux caisses pour inciter certains médecins à limiter leurs DE », les caisses n'ont pris aucune initiative spécifique. « Nous observons la situation avec attention », poursuit-il, même s'il sait que la position des caisses devra rester cohérente avec celle de la Caisse nationale. En attendant, la modération des caisses contribue à maintenir le calme dans la région, selon les médecins. « Elles sont plutôt compréhensives et conscientes de l'étranglement économique de nos cabinets, reprend le Dr Tschupp ; mais si elles se montraient agressives, notre attitude changerait rapidement. »
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