EN DEPIT de leurs efforts de rigueur, la plupart des hôpitaux publics alsaciens finiront l'année 2004 en déficit et devront, pour la deuxième année consécutive, consentir à des « reports de charges » sur l'année prochaine.
La section alsacienne de l'Union hospitalière du Nord-Est souhaite que la population soit consciente de ces difficultés et rappelle les contraintes et les missions de l'hôpital public.
« Déjà fortes en 2004, les tensions budgétaires vont s'accroître en 2005 », ont prévenu Pierre Gustin, Paul Castel et Philippe Spetz, respectivement directeur des hôpitaux de Colmar, Strasbourg et Saverne; au cours d'une rencontre avec les médias de la région : alors qu'ils parviennent à contenir leurs coûts de gestion et de personnel, ils s'avouent désarmés face aux augmentations substantielles des cotisations d'assurance, des médicaments innovants et du matériel à usage unique. Les dépenses médicales augmentent de 20 % par an et, dans un centre hospitalier de taille moyenne comme celui de Saverne, le seul coût des assurances représente l'équivalent de deux emplois. Les directeurs rappellent que leur principal assureur, la Société hospitalière d'assurances mutuelles (Sham), a relevé ses prix de 15 % au cours de cette année, et annonce une augmentation de 30 % en 2005.
Préserver les investissements.
Le CHU de Strasbourg s'attend, cette année, à un déficit de 6 à 12 millions d'euros, pour un budget total de 600 millions : « Il n'est pas question de prendre cette somme sur les investissements, comme nous avions pu le faire il y a quelques années », explique son directeur général, Paul Castel. De plus, selon les hôpitaux, les reports de charges et « les équations impossibles des budgets et de l'Ondam (Objectif national des dépenses d'assurance-maladie) hospitalier » perturbent la mise en œuvre de la tarification à l'activité.
En outre, les hôpitaux alsaciens rencontrent des difficultés croissantes pour recruter des médecins, surtout dans les spécialités dites « pénibles ».
Le Pr Daniel Jaeck, président de la CME du CHU de Strasbourg, souligne que de nombreux services de chirurgie ne tournent que « grâce aux médecins roumains et argentins » qui y travaillent ; il note avec inquiétude « qu'il n'y aucune relève française pour le moment ». Le Pr Jaeck constate que les médecins qui réussissent leurs concours postulent en priorité pour des postes situés dans le sud de la France, ce qui risque de transformer le Nord-Est en désert médical : même si l'Alsace est moins touchée par ce phénomène que les autres régions du Nord-Est, il estime qu'il est grand temps de réfléchir aux moyens concrets d'adapter les installations aux besoins.
Enfin, les hôpitaux publics ont réagi aux critiques émises récemment à leur encontre dans la presse par certaines cliniques privées qui ont mis en doute leur gestion et leur tarification. Ils ont rappelé que les « différences de prix » s'expliquent avant tout par les différences de pathologies traitées et par les contraintes propres au service public que n'ont pas les établissements privés, qu'ils invitent à « comparer ce qui est comparable ».
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