DE NOTRE CORRESPONDANT
LES ÉLECTIONS des Urml en Alsace ont été marquées, on s’en souvient, par la poussée d’Espace Généraliste (10 sièges) et par la poussée de la FMF (6 sièges), au détriment de la Csmf et, surtout, du SML, qui détenait la présidence de l’union depuis 1994.
Malgré le changement, le Dr Pascal Charles, pneumologue à Strasbourg et président de la Csmf 67, avait annoncé que son mouvement entendait «décrocher des postes clés» à l’union. Il a été plus qu’exaucé lors des élections du bureau qui lui ont donné la présidence de l’assemblée régionale, au bout de trois tours de scrutin, alors que, au premier tour, les candidats Csmf et Espace étaient à égalité.
Espace Généraliste, passé très près de la présidence, a certes bénéficié des 6 voix de la FMF, mais pas des 2 de l’Uccsf, qui auraient permis à son candidat, le Dr Marcel Ruetsch, de l’emporter… au bénéfice de l’âge. Le second tour a donné un avantage d’une voix au Dr Charles, mais ne suffisait pas pour son élection : il a donc fallu, au troisième tour, que le SML retire son candidat, le Dr Lion, président sortant, alors qu’il existait, selon le SML, un accord pour que ce syndicat garde la présidence.
Après son retrait, le SML a décidé de ne plus présenter de candidats aux autres postes. Ensuite, la Csmf a présenté des candidats au bureau, qui ont été élus avec le soutien du SML. Lequel, pour beaucoup d’observateurs, leur a ainsi fait un cadeau empoisonné.
Le Dr Claude Bronner, président d’Espace Généraliste, qui briguait la vice-présidence de l’union, a donc été battu par le Dr Schlegel, président de la Csmf du Haut-Rhin, et Espace n’a pas obtenu non plus le poste de trésorier.
En revanche, Espace a fort logiquement remporté la présidence de la section généralistes et le bureau de cette section.
Union ingouvernable.
Ce succès de la Csmf ne signifie pas pour autant que l’union sera gouvernable et capable de travailler convenablement, prédit le Dr Bronner, qui souligne que si le mouvement emmené par le Dr Charles a obtenu tous les postes, c’est parce que «plus personne ne voulait travailler avec eux à cause du climat de l’élection»: pour lui, ce monopole de la Csmf va «paralyser» l’union. «Ils voulaient tous les postes, ils les ont, mais qu’ils se débrouillent, car ils seront incapables de fonctionner comme ça», explique-t-il non sans un certain désarroi.
Dans ces conditions, Espace Généraliste n’entend plus travailler à l’union, et espère que cette situation débouchera bientôt sur une assemblée générale et une redistribution des cartes, qui permettra à l’union de repartir.
Le Dr Jean-Marie Letzelter, président du SML 67, rejoint l’analyse du Dr Bronner : la Csmf a tout monopolisé, mais ne pourra pas travailler correctement. Il rappelle que le SML a assuré le succès de l’union, reconnu par tous, mais a refusé, à la suite de l’éviction du Dr Lion, de jouer «un rôle de porteur d’eau» pour le seul bénéfice de la Csmf. «Ils voulaient les postes, mais pas le boulot. Maintenant, à eux de gérer, on leur souhaite bien du courage», explique-t-il aussi. Le Dr Lion, pour sa part, regrette le « gâchis » de cette élection, et estime que l’union ne peut pas fonctionner : «Ils n’ont pas la majorité à l’assemblée générale, mais ils occupent tous les postes; ça ne pourra pas marcher», prédit-il, en souhaitant «des réajustements» et une ouverture du bureau à toutes les tendances, comme du temps de sa présidence.
La Csmf rejette ces critiques et annonce qu’elle entend travailler pour le bien de l’union et des médecins : l’Urml est trop mal connue, explique le Dr Charles, et doit se saisir de dossiers prioritaires, comme l’informatique médicale, l’ouverture vers les autres professions de santé et l’évaluation. «Je suis certes nouveau à l’union, poursuit-il, mais, avec le soutien du bureau, nous allons travailler dans la stabilité.» Rejetant les accusations selon lesquelles la Csmf aurait délibérément accaparé tous les postes, il rappelle qu’il n’est pas responsable des «bouderies» du SML qui ne pouvait pas prétendre éternellement à la présidence de l’union. De plus, poursuit-il, «nous représentons ensemble la famille libérale, comme d’ailleurs la FMF». Pour lui, il n’y a que deux modèles de système de santé, un « libéral » et un « administré », et c’est ce qui détermine les clivages. «Bien que la FMF ait voté avec Espace et MG-France, je suis sûr qu’ils se rapprocheront de nous à l’avenir», dit-il avec confiance. Le Dr Marc Willard, qui fut le candidat FMF à la présidence de l’union, ne voit pas le problème de la même manière : «Nous ne voulions pas de la Csmf; d’où notre soutien à Espace lors de l’élection», rappelle- t-il. Et il met en doute la volonté d’ouverture de la Csmf : «Ils auraient dû nous en donner des preuves, plutôt que de se mettre dans une position d’exercice solitaire du pouvoir.» Et, conclut-il, «nous resterons clairement dans l’opposition tant que cette situation durera».
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