De notre correspondant
« Les médecins écoutent et rejoignent beaucoup plus facilement une coordination qu'un syndicat », se félicite le Dr Philippe Kulling, à la tête de la coordination de Mundolsheim-Vendenheim-Reichstett, au nord de Strasbourg. Les 24 généralistes de ce secteur appliquent tous le C à 20 euros et le V à 25 ou 30 euros, jusque-là sans aucune réaction des caisses. Elle se traduirait d'ailleurs, selon le Dr Kulling, par une réponse « immédiate » des généralistes en cas de sanction d'un de leurs confrères. Le Dr Kulling espère que les coordinations locales déboucheront bientôt sur la mise en place d'une coordination départementale. Pour lui, le mouvement est un « moment historique », et une chance à saisir pour les médecins. En attendant, explique le Dr Patrice Loeb, à Illkirch, ville où 24 des 26 généralistes appliquent le C à 20 euros, « nous sommes de plus en plus déterminés à poursuivre cette action, et de nouveaux confrères nous rejoignent chaque jour ».
Des coordinations devraient prochainement se monter dans le Haut-Rhin, département très mobilisé, y compris en matière de grève de télétransmission et de C à 20 euros. « Les coordinations demandent la même chose que nous, précise toutefois le Dr Jean-Claude Choffel, président de l'UNOF du Haut-Rhin, mais elles ne doivent pas oublier que le C et le V ne sont pas un aboutissement en soi. Notre mouvement vise à changer profondément le système de santé. Les coordinations, à l'inverse des syndicats, sont-elles équipées pour ce travail de plus longue haleine ? »
En Lorraine, des coordinations se sont créées à Nancy, Pompey et Toul. Une autre réunit la moitié des médecins de la Meuse, où la grève est suivie à 80 %. Elle est animée par le Dr Bernard Tridon (Pierrefitte-sur-Aire), qui explique que cette structure a permis de briser l'isolement des médecins dans ce département très rural et éclaté, confronté à de graves problèmes de démographie.
« Les gardes ne sont assurées qu'à travers les réquisitions, explique-t-il, car les services de secours ne peuvent couvrir toutes les communes isolées, qui manquent déjà dramatiquement de médecins. »
Il y a quelques jours, poursuit-il, la présidente de la caisse primaire d'assurance-maladie de la Meuse s'en est pris aux médecins dans un article paru dans « l'Est républicain ». « Cette agression a eu pour effet de renforcer notre détermination », estime le Dr Tridon. « Nous travaillons souvent douze, treize ou quatorze heures par jour en couvrant un nombre croissant de villages, et il n'y a même plus de jeunes médecins prêts à faire des remplacements chez nous », explique ce généraliste, « convaincu tous les jours un peu plus de la légitimité du mouvement ».
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