Le temps de la médecine
Différents traitements ont été testés pour la prévention des alopécies chimio-induites. Seul le casque réfrigérant peut être utilisé avec un certain succès. Ni le minoxidil ni les cures de vitamines (Bépanthène) n'ont fait la preuve d'une efficacité.
Le casque réfrigérant est posé dès le début de l'induction de la chimiothérapie et laissé en place pendant trois heures après la fin de la cure. Il se présente comme un casque lourd, sous lequel la température est maintenue entre 8 et 10 °C. Il est utilisé chez les personnes qui ne supportent pas l'alopécie sur le plan esthétique et psychologique. C'est souvent le cas dans le cancer du sein qui touche des femmes jeunes. Dans 95 % des cas, on obtient des réponses complètes, sans survenue d'alopécies.
Si n'importe quel antimitotique peut induire un effluvium anagène (arrêt brutal de la croissance des cheveux), toutes les chimiothérapies ne sont pas également alopéciantes. Cela dépend du produit, de la dose et de la durée. Les produits les plus alopéciants sont l'adriamycine et les autres anthracyclines qui entraînent une perte rapide et totale de cheveux chez plus de 90 % des patients. Parmi les plus alopéciants, on trouve l'actinomycine D, la bléomycine, le cyclophosphamide, le méthotrexate, la vincristine, l'hydroxyurée... Les chimiothérapies très lourdes précédant une greffe de moelle peuvent donner des alopécies irréversibles. Les nouvelle molécules et les dérivés des taxols sont moins alopéciants. Les alopécies persistantes sont plus fréquentes en cas d'allogreffe, d'irradiation corporelle totale ou de radiothérapie du système nerveux central.
La chimiothérapie agit sur le bulbe pilaire par un effet anti-ADN. Le cheveu tombe entre une et quatre semaines après la première administration.
« Ce qui est étonnant est que quand il repousse, il reproduit l'histoire naturelle du cheveu », explique le Dr Daniel Donadio (Montpellier). Le patient retrouve d'abord les cheveux qu'il avait quand il était jeune. La couleur initiale et la forme (les boucles qu'il avait dans sa jeunesse per exemple). En quelques mois, les cheveux reconstruisent leur histoire naturelle, puis reviennent à l'état et à la couleur actuels du patient.
Pour le Dr Donadio, le plus important est de bien expliquer au patient les éléments de son traitement, y compris ceux qui concernent les cheveux. Et surtout, que le traitement anticancéreux est efficace, ce qui peut atténuer le trouble psychologique lié à la perte des cheveux.
La radiothérapie anticancéreuse induit également des altérations capillaires. Selon l'intensité des doses, on peut observer un amincissement de la tige pilaire, une chute des cheveux transitoire ou une épilation définitive. La chute survient entre 12 et 15 jours et la repousse débute trois mois après la fin de l'irradiation. Parfois, le traitement est à l'origine d'une radiodermite localisée au scalp, auquel cas les cheveux ne repoussent jamais.
La prothèse prise en charge
La radiothérapie des teignes du cuir chevelu est abandonnée depuis de nombreuses années. Mais on rencontre parfois des alopécies localisées avec ou sans radiodermite chez des patients traités de cette manière dans leur enfance.
La prothèse capillaire est maintenant prise en charge par la Sécurité sociale, après une demande d'entente préalable. Les systèmes de fixation à base de colle biologique ou sur une base thermoformable et différents modèles (mélanges de couleurs, recoupe possible) permettent d'imiter totalement la chevelure naturelle.
Référence : « Pathologie du cheveu et du cuir chevelu (traité médico-chirurgical et cosmétologique) », Pascal Reygagne et Pierre Bouhanna, éditions Masson.
Poil à la langue !
La surface de la langue est considérablement velue. Quand il vomit, les poils se détachent mais repoussent par la suite et, à la dernière mensuration, ils mesuraient 2,5 cm. » C'est ainsi qu'un médecin français du XIXe siècle, Antoine de Portal, décrit un cas de langue villeuse. Cette pathologie idiopathique apparaît sans cause et peut persister pendant des années, puis disparaître comme elle est venue. La langue présente un aspect chevelu qui traduit l'hypertrophie et l'hyperkératinisation des papilles filiformes linguales. La longueur exceptionnelle des papilles vient d'un retard dans la desquamation des couches cornées papillaires, ou d'une augmentation importante de la synthèse de kératine.
La prise de corticoïdes, de cyclines ou de métronidazole, la radiothérapie, le tabac, les bains de bouche oxydants, les troubles gastro-intestinaux ou encore une mauvaise hygiène buccale ont été évoqués comme facteurs déclenchants.
La langue villeuse est asymptomatique. Elle aura pour seule conséquence un problème d'ordre esthétique, avec sa composante psychologique.
E. B.
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