Allongement du délai de recours au spécialiste en Italie

A QUEL MOMENT de l'évolution de leur maladie, les sujets atteints de cancer du poumon sont-ils adressés à un pneumologue spécialisé dans ce type de prise en charge ? C'est pour répondre à cette question que deux spécialistes italiens, les Drs Gianfranco Buccheri et Dominico Ferrigno ont analysé une série de près de 1 300 patients traités dans leur hôpital entre janvier 1989 et octobre 2002. Entre le début et la fin de l'étude, le délai qui s'est écoulé avant le recours au spécialiste s'est allongé de près d'un mois pour atteindre en 2002 deux mois. « Cette découverte est préoccupante, car tout retard à la prise en charge réduit les chances de survie des patients », analyse le Dr Ferrigno.

Toux, infections, douleurs...
Pour expliquer cette donnée, dans un contexte d'incitation générale à un diagnostic précoce de ce type d'affection, les auteurs avancent plusieurs pistes : d'une part, les symptômes (toux, infections, douleurs thoraciques perte de poids ou anorexie) seraient souvent banalisés par les médecins traitants, et d'autre part, l'âge de découverte des cancers augmentant régulièrement, la symptomatologie pourraient être rapportée à tort à d'autres affections co-existantes ; enfin, un nombre de cas non négligeable (15 % en fin d'étude contre 6 % en début) serait découvert chez des sujets asymptomatiques, ce qui n'inciterait pas à une prise en charge énergique.
Les auteurs signalent néanmoins qu'il est impossible de conclure de façon définitive à l'augmentation généralisée des délais de recours aux spécialistes en Italie. Cette étude en effet ne concerne qu'un hôpital et peut donc avoir été biaisée par des pratiques locales. « Nos médecins généralistes ont désormais la possibilité d'envoyer eux-mêmes leurs patients passer un scanner. Ils attendent donc les résultats avant de les diriger vers un spécialiste, ce qui pourrait être la cause de l'allongement des délais », préciser le Dr Ferrigno.

« European Respiratory Journal », vol. 24, n° 6 (2004).