GRÂCE à la greffe d'une partie de l'ovaire de sa soeur, une jeune belge, qui avait été traitée en 1990 par chimio- et radiothérapie, pourrait devenir mère. A l'âge de 20 ans, en raison d'une forme sévère de bêtathalassémie, elle avait reçu du busulfan associé à du cyclophosphamide avant une irradiation corps entier et la réalisation de greffe hétérologue avec la moelle osseuse de sa soeur de 17 ans HLA compatible. Si, du point de vue clinique, cette prise en charge avait permis une nette amélioration de son état hématologique, elle avait eu pour conséquence une ménopause précoce. Le traitement hormonal substitutif a été suspendu en 2004 pour une raison qui n'est pas précisée dans l'article* et la patiente souffrait d'aménorrhée.
En juillet 2005, elle a exprimé son souhait d'avoir un enfant et une technique d'Icsi a été envisagée à partir d'un ovocyte de sa soeur. Mais l'analyse du spermogramme de son mari a contribué à abandonner cette idée (peu de spermatozoïdes et mobilité faible). Sa jeune soeur a néanmoins souhaité l'aider et une greffe partielle d'ovaire a alors été envisagée. L'analyse HLA a retrouvé un chimérisme complet entre les deux soeurs en rapport avec la greffe médullaire initiale, ce qui a permis d'envisager la transplantation sans recours à un traitement immunosuppresseur.
Le cortex ovarien a été prélevé puis implanté par laparoscopie. Six mois après l'intervention, les taux d'estradiol de la patiente étaient similaires à ceux de femmes du même âge et les cycles menstruels avaient repris. Le 11e mois, l'échographie pelvienne a mis en évidence deux follicules ovariens qui ont été immédiatement ponctionnés.
Les ovules ont été soumis à des processus de maturation in vitro et inséminés par Icsi avec le sperme du mari. L'équipe du Dr J. Donnez (Louvain) a obtenu deux embryons, l'un de trois et l'autre de deux cellules, dont le développement s'est rapidement interrompu. Aucune transplantation embryonnaire n'a pu être effectuée. La patiente a présenté deux cycles supplémentaires et, en dépit d'une stimulation, aucun ovocyte n'a atteint une taille suffisante pour être ponctionné. Ce travail confirme que l'hétérogreffe ovarienne est possible et que des embryons peuvent même être obtenus. Mais, ici, l'existence d'une hypospermie chez le mari pourrait avoir contribué à limiter la viabilité des embryons obtenus.
* Human Reproduction, pp. 1-7, 2007.
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