Rhinite
La rhinite allergique se manifeste par des éternuements, une rhinorrhée, une obstruction nasale, un prurit. Les troubles de l'odorat (anosmie, hyposmie) assez fréquents chez l'adulte sont rares chez l'enfant. L'inflammation sinusienne est responsable d'algies faciales.
Les experts du groupe de travail international ARIA (Allergic Rhinitis and its Impact on Asthma) recommandent de ne plus classer les rhinites en saisonnières (allergie aux pollens) ou pérennes (allergies aux acariens, aux animaux et aux moisissures). Ils proposent une classification fondée sur la fréquence des symptômes et leur intensité. En effet, les allergies classiquement pérennes (acariens et moisissures) ont un renforcement saisonnier (été, automne). L'allergique aux pollens est souvent sensible à des pollens successifs (arbres, graminées, composées).
Selon la fréquence des symptômes, les rhinites peuvent être « intermittentes » (symptômes présents pendant moins de quatre jours/semaine et moins de quatre semaines/an), ou « persistantes » (symptômes présents plus de quatre jours/semaine et plus de quatre semaines/an).
Selon les perturbations qu'elles entraînent, les rhinites sont classées en « légères » ou « modérées à sévères ». La présence d'un seul des critères caractérise une rhinite « modérée à sévère » :
I) sommeil anormal ;
II) perturbation des activités quotidiennes, des sports et des loisirs ;
III) gêne au cours des activités professionnelles et scolaires ;
IV) présence de symptômes de rhinite gênants.
En revanche, au cours de la rhinite « légère », les symptômes ne gênent pas le sommeil, les activités quotidiennes (travail, sports et loisirs) et l'activité scolaire.
Asthme
L'asthme est une maladie bronchique paroxystique caractérisée par une obstruction bronchique, diffuse mais inégalement répartie, touchant les grosses et les petites bronches, responsable de crises de gêne respiratoire avec sifflements. L'obstruction est due au bronchospasme, à l'oedème et à l'hypersécrétion. Il faut combattre précocement l'inflammation bronchique pour éviter la formation d'une fibrose bronchique sous-épithéliale, responsable d'une nouvelle anatomie des bronches (remodelage) ayant pour conséquence un vieillissement bronchique accéléré (perte de l'élasticité des bronches et chute des débits expiratoires).
L'asthme peut être allergique (ou extrinsèque), infectieux (ou intrinsèque) et mixte. Au cours de tout asthme, même allergique, les crises sont souvent déclenchées par les infections virales. Chez l'enfant, la fréquence de l'allergie augmente avec l'âge : moins de 20 % (avant 3 ans), 37 % (4-6 ans), plus de 40 % (7-10 ans) et plus de 80-85 % (après 10 ans).
Chez le nourrisson, l'asthme apparaît souvent dans les suites de bronchiolites à VRS. Il faut redouter la persistance de l'asthme devant : a) des antécédents familiaux (surtout maternels) ou personnels (eczéma atopique) d'allergie ; b) des prick-tests et/ou les Rasts positifs (réalisables quel que soit l'âge).
Le généraliste peut détecter l'allergie aux pneumallergènes usuels en demandant un test de dépistage multi-allergénique de dépistage (Phadiatop ou analogues). En cas de positivité, un bilan allergologique sera indispensable (tests cutanés).
Chez l'enfant de plus de 6 ans et l'adulte, le bilan initial d'asthme comporte, outre les examens allergologiques, une exploration fonctionnelle respiratoire et une radiographie thoracique. Celle-ci est également indispensable chez le nourrisson pour éliminer les faux asthmes (corps étrangers, bronchiques, malformations).
Toux
Les toux, surtout récidivantes ou chroniques, peuvent constituer des équivalents d'asthme. Toutefois, la plupart des toux de l'enfant de moins de 4-5 ans sont infectieuses. La toux « équivalent d'asthme » ne représente pas plus de 15-20 % des toux récidivantes. Il faut penser à l'asthme s'il existe des antécédents familiaux ou personnels atopiques, une forte exposition allergénique (acariens, animaux, moisissures, blattes), des sifflements à la fin des accès de toux, une amélioration de la toux après traitement par les bêta 2-mimétiques par chambre d'inhalation.
Conjonctivite
Elle associe prurit, larmoiement, photophobie, dème oculaire. C'est un signe classique d'allergie, surtout si le contexte n'est pas infectieux, s'il existe une exposition allergénique (pollens, animaux), une rhinite. La conjonctivite dite « printanière » est peu souvent allergique : c'est une affection qui commence vers 4-5 ans, plus souvent chez les garçons que chez les filles, et s'éteint progressivement après 10 ans. Les symptômes, très invalidants, sont déclenchés par l'examen, le frottement, la lumière, le premier soleil (d'où leur nom). L'examen montre une hyperhémie conjonctivale majeure et des follicules (pavés) conjonctivaux.
Eczéma
L'eczéma (dermatite atopique) est une éruption prurigineuse localisée le plus souvent au niveau des grands plis des membres (coudes, genoux) et au visage. Les lésions évoluent en plusieurs phases : érythème, suintement, croûtes, lichénification (photo 1). Il faut renforcer la barrière de la peau par un traitement approprié : anti-inflammatoires locaux (pas de corticophobie), émollients, hygiène corporelle, éviction des allergènes.
L'eczéma débute vers 6 mois et disparaît dans 60 à 80 % des cas avant 2 ans. Le risque d'asthme est de trois à cinq fois plus important chez l'eczémateux que dans la population générale. Il faut surveiller l'évolution respiratoire des eczémateux. Se souvenir des signes d'atopie : sécheresse de la peau, signe de Dennie Morgan (un ou deux replis des paupières inférieures), frottement répété du nez (signe du salut de l'allergique), fissures rétro-auriculaires.
Anaphylaxie
Elle se manifeste par l'atteinte simultanée de plusieurs « organes cibles », la précocité d'apparition des symptômes après le contact avec l'allergène (de quelques secondes à quelques minutes) et leur rapidité de progression pouvant aller jusqu'au choc et au collapsus (risque mortel). Les symptômes sont le prurit généralisé, l'urticaire diffuse, l'angio-oedème (photo 2), l'asthme, le spasme laryngé, l'angoisse avec sensation de mort imminente, les troubles digestifs (nausées, vomissements, douleurs abdominales, diarrhée), les troubles neurologiques (agitation, convulsions, coma), etc. Une évolution en deux temps est classique, mais rare (moins de 10 % des cas). Les causes de l'anaphylaxie sont les aliments (surtout chez l'enfant, l'adolescent et l'adulte jeune), les médicaments, le latex, les venins d'hyménoptères. Les facteurs favorisants sont l'effort, la prise d'aspirine, un traitement par les bêtabloquants. Dans les cas mortels, le délai moyen entre le début des symptômes et l'arrêt cardiaque ou respiratoire est de cinq minutes pour les causes iatrogènes, quinze minutes pour les venins, et trente minutes pour les aliments.
Syndrome oral
Il se caractérise par un prurit buccal ou péribuccal, un gonflement des lèvres, un picotement du palais ou de la luette avec parfois sensation de gonflement. Le syndrome oral est le plus souvent observé chez les personnes allergiques aux pollens qui consomment des fruits ou des légumes (pommes, pêches, kiwis, avocats, céleri, etc.). Des symptômes généraux peuvent survenir si la consommation de l'aliment se poursuit.
Urticaire
Elle fera l'objet d'un développement spécial. Les causes des urticaires sont extrêmement nombreuses, loin (très loin) de se résumer à l'allergie.
Références :
1) Bousquet J., Van Cauwenberge P., Khaltaev N. and the WHO panel. Management of allergic rhinitis and its impact on asthma. Pocket guide (version anglaise et version française).
2) Bousquet J., Van Cauwenberge P., Khaltaev N. Allergic rhinitis and its impact on asthma. ARIA Worshop Report, « J Allergy Clin Immunol », 2001 ; 108 (suppl.) : s148-s333.
3) Rancé F., Juchet A., Brémont F., Dutau G. Répartition des sensibilisations dans l'asthme de l'enfant en fonction de l'âge. Corrélations avec les données cliniques et fonctionnelles respiratoires. « Rev fr Allergol », 1997 ; 37 : 160-6.
4) Pumphrey R.S.H. Lessons for management of anaphylaxis from a study of fatal reactions. « Clin Exp Allergy ».
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