U NE équipe de chercheurs de Cincinnati vient d'identifier, sur un modèle murin, un mécanisme physiopathologique de l'allergie digestive, en mettant en lumière le rôle majeur joué par les éosinophiles, recrutés par le biais d'une protéine, l'éotaxine. Le travail est publié dans le numéro d'avril de « Nature Immunology ». Il pourrait permettre la mise au point dans le futur de nouveaux traitement de l'allergie alimentaire.
Les éosinophiles apparaissent en masse sur les sites de l'inflammation allergique, mais on ne sait précisément si ces cellules sont une cause ou de simples spectateurs.
Marc Rothenberg et coll. (NIAID, Cincinnati) ont développé un modèle murin de maladie inflammatoire éosinophilique gastro-intestinale. Ils produisent une allergie alimentaire chez la souris en injectant de petites quantités d'ovalbumine. Une fois sensibilisés, les animaux sont nourris avec de l'ovalbumine en quantité, ce qui déclenche une réaction allergique digestive ressemblant à celle observée chez les humains. Les animaux perdent du poids, le péristaltisme est altéré avec une stagnation alimentaire dans l'estomac, une inflammation s'installe et les éosinophiles s'accumulent au voisinage des cellules nerveuses endommagés.
L'équipe s'est intéressée à l'éotaxine, protéine connue pour jouer un rôle dans certaines allergies respiratoires. L'éotaxine est l'un des signaux induisant le recrutement des éosinophiles. Rothenberg et coll. découvrent que, chez les souris sensibilisées, l'ovalbumine déclenche la libération d'éotaxine par les cellules de la muqueuse intestinale, avec une attraction des éosinophiles. En renouvelant l'essai chez des souris défectives pour le gène de l'éotaxine, les éosinophiles n'apparaissent pas et les symptômes non plus.
Cela montre que les éosinophiles jouent un rôle clef dans l'allergie alimentaire. Un aliment peut déclencher la production de l'éotaxine, qui attire les éosinophiles, lesquels attaquent les tissus sains et causent les symptômes, probablement en endommageant les cellules nerveuses qui communiquent avec le tractus digestif, postulent-ils.
De nouvelles options pour le traitement de l'allergie alimentaire pourraient en découler. Les chercheurs font allusion à certaines molécules anti-éosinophiles en développement dans d'autres affections et qu'il pourrait être intéressant d'essayer dans l'allergie alimentaire.
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