De notre correspondant
Largement dominée par les questions économiques, la lutte contre le chômage, la reconstruction des régions inondées, et maintenant l'affaire MobilCom, la campagne pour les élections législatives du 22 septembre en Allemagne n'accorde qu'une place minime aux problèmes de santé.
Au grand dam des médecins qui promettent « des lendemains qui déchantent » au futur vainqueur et même à la population si rien n'est fait pour améliorer leur situation actuelle et celle du système de santé.
Le président de l'Ordre des médecins, le Pr Jörg Dietrich Hoppe, a solennellement appelé tous les partis politiques à s'exprimer clairement sur ces dossiers, alors qu'ils se sont contentés jusqu'à présent de généralités. L'Ordre rappelle qu'un nombre croissant de médecins, écrasé par les charges et les tâches administratives, quittent aujourd'hui la profession, au point que certaines régions, notamment en ex-RDA, doivent faire venir des médecins des pays voisins pour compenser ce début de pénurie. Rebutés par l'absence de perspectives de carrière et par une charge de travail toujours croissante, les étudiants qui se pressaient autrefois dans les facultés de médecine sont de moins en moins nombreux à choisir cette voie : pour l'Ordre, seule une revalorisation globale de la profession médicale permettra d'enrayer cette situation, dont aucun parti ne semble ne se préoccuper réellement.
Un déficit de 2,4 milliards d'euros de l'assurance-maladie
De plus, alors que les dépenses repartent à la hausse et que l'assurance-maladie enregistre un déficit de 2,4 milliards d'euros au premier semestre 2002, le gouvernement social-démocrate de Gerhard Schröder n'a rien fait, selon les médecins, pour améliorer le système de santé pendant ses quatre années de gestion. Après avoir nommé à la Santé, en septembre 1998, l'écologiste Andrea Fischer, qui s'est fait rapidement détester par la majorité de la profession, Gerhard Schröder a confié cette fonction à la sociale-démocrate Ulla Schmidt au début de 2001. Mme Schmidt a certes enterré les enveloppes globales et les sanctions mises en place par ses prédécesseurs, mais leur remplacement par des budgets individuels n'a pas amélioré le sort des médecins. Lesquels se plaignent d'être asphyxiés par les contraintes administratives et dénoncent l'influence croissante des caisses sur leur exercice.
La victoire de l'opposition chrétienne-démocrate emmenée par Edmund Stoiber était considérée comme certaine il y a deux mois. Elle est beaucoup moins sûre aujourd'hui : un sondage annonçait même en début de semaine la victoire du camp social-démocrate. En tout cas, si M. Stoiber l'emporte, les médecins retrouveront sans doute à la Santé une de leurs vieilles connaissances, le Bavarois Horst Seehofer, ministre de la Santé d'Helmut Kohl de 1992 à 1998.
Considéré comme un des meilleurs spécialistes des problèmes de santé, il avait mené à bien, en 1993, une importante réforme. Elle avait permis de réduire le déficit de l'assurance-maladie, mais au prix d'une politique d'enveloppes globales durement ressentie par les médecins et les autres professionnels de santé. Après avoir stabilisé les dépenses, il avait commencé à réviser le système des enveloppes à partir de 1997, avant que le premier gouvernement Schröder ne les réintroduise, de 1998 à 2001.
Horst Seehofer a mis les caisses de maladie en concurrence et permis aux assurés de s'affilier librement à celle de leur choix. Mais ce plan n'a pas vraiment permis de faire baisser les cotisations, qui représentent en moyenne 14 % des revenus des Allemands. Selon les médecins, une augmentation prochaine des prélèvements sera inévitable si le gouvernement ne procède pas à une réforme d'envergure. L'Ordre, comme la plupart des syndicats, plaide pour une meilleure prise en charge des pathologies lourdes et des traitements innovants, avec, en contre-partie, une implication plus faible de l'assurance-maladie dans les affections courantes. Mais aucun gouvernement, de droite ou de gauche, n'a jamais voulu ou osé entreprendre une telle politique, ce qui, selon les médecins, explique en grande partie les difficultés actuelles du système de santé.
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