« Conte randu N°1
3 mars. Le Dr Strauss dit que je devrez écrire tout ce que je panse et que je me rapèle et tout ce qui marive à partir de maintenan. Je sait pas pourquoi mais il dit que c’est un portan pour qu’ils voie si ils peuve mutilisé. »
Strauss et son acolyte Nemur ne sont pas les héros des « Fleurs pour Algernon » – Algernon non plus d’ailleurs : c’est une souris de laboratoire – mais sans eux, pas de roman.
Le Pr Nemur et le Dr Strauss sont chercheurs américains. Ils mènent des expériences scientifiques qui visent à stimuler les capacités intellectuelles des êtres vivants. Et leurs travaux paraissent couronnées de succès : grâce à leurs méthodes, Algernon (la souris) a vu son intelligence démultipliée. Ils veulent les tester sur l’homme.
Le « cobaye » choisi s’appelle Charlie Gordon. Il est handicapé mental. Apprenti dans une boulangerie. « Des fleurs pour Algernon » est son journal. Dans son récit, les silhouettes des deux médecins passent et repassent. Nemur et Strauss testent Charlie, l’opèrent, l’observent, comparent ses performances avec celles de la souris Algernon.
Course contre la montre
L’expérience réussit au-delà des espérances de ses auteurs. Charlie Gordon fait des progrès considérables. Rapidement, son intelligence dépasse celle de ses deux Drs Frankenstein. Jusqu’au jour où…
Des signes de dégénérescence commencent à apparaître chez Algernon. La souris régresse et Charlie comprend que son tour va venir. Course contre la montre : le cobaye humain reprend les travaux des chercheurs. Il y trouve la faille avant de retrouver… son minuscule QI initial.
Au Pr Nemur, juste avant la (re)chute, il écrit ces mots : « Les résultats sont clairs. Les aspects les plus spectaculaires de ma rapide ascension ne peuvent dissimuler les faits. Les techniques de chirurgie et de chimiothérapie développées par vous et le Dr Strauss doivent être considérées comme n’ayant – à l’heure actuelle – que peu ou pas d’application pratique pour l’accroissement de l’intelligence humaine. (…) L’autre soir, le Dr Strauss disait que l’échec d’une expérience, la réfutation d’une théorie, était aussi importants pour l’avancement de la connaissance que l’est un succès. Je sais maintenant que c’est vrai. »
Daniel Keyes, « Des fleurs pour Algernon », 1972, J'ai lu
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