Les Algérois, qui ont à peine pansé leurs plaies après les ravageuses inondations de novembre 2001 (plus de 700 morts), se trouvent à nouveau confrontés à une terrible catastrophe naturelle.
Le tremblement de terre, qui a secoué Alger et ses environs, mercredi dernier, a atteint une magnitude de 5,8 sur l'échelle de Richter selon le Centre algérien de recherche en astronomie et astrophysique. Le dernier bilan en date faisait état de près de 1 500 morts et plus de 7 000 blessés. Et c'est le département de Boumerdès, à 50 kilomètres de la capitale algérienne, qui a le plus souffert. A Boumerdès-Ville, petite préfecture balnéaire, les ravages du séisme sont particulièrement impressionnants : des dizaines d'immeubles imposants ont été aplatis. Le séisme, qui est le plus meurtrier en Algérie depuis 1980 - année où 3 000 personnes avaient été tuées dans un tremblement de terre d'une magnitude de 7,5 sur l'échelle de Richter -, a aussi provoqué la rupture de plusieurs câbles sous-marins ; les communications téléphoniques vers l'Algérie ont été coupées, alors qu'elles étaient perturbées entre l'Europe et plusieurs pays d'Asie, du Moyen-Orient et du Pacifique.
« On a eu le terrorisme, l'inondation de Bab-el-Oued, maintenant ça, se lamente un habitant. Tous les malheurs sont tombés sur l'Algérie. C'est la poisse de l'Algérie », ajoute-t-il, tandis qu'un étudiant met en cause les promoteurs immobiliers et la corruption. « Ces promoteurs immobiliers, tous des escrocs, dit un chauffeur de taxi. Quand on voit tous les édifices qui datent de l'époque française, parfois vieux de 150 ans, qui n'ont pas bougé. Et d'autres, de l'habitat social où on a relogé des gens de la casbah, qui se sont écroulés avec leur ciment coupé au sable. » Tout autour d'Alger, notamment dans les banlieues côtières promises à devenir des pôles touristiques, une frénésie de la construction s'est emparée des habitants, donnant naissance à des habitations dans lesquelles rivalisent laideur architecturale et désordre urbanistique. Cette frénésie a engendré, selon un jeune ingénieur algérien en génie civil, « une nouvelle race d'entrepreneurs sans moyens et sans savoir-faire ». Des maçons équipés sommairement se sont ainsi improvisés entrepreneurs et ont obtenu des marchés auprès de commerçants. Le résultat, explique cet ingénieur, « ce sont des habitations bâties au mépris de toutes les normes techniques, avec des fraudes énormes sur le dosage de béton et d'acier ».
Les autorités algérienne ont déployé « d'énormes moyens » en hommes et en matériel pour venir en aide aux sinistrés et fouiller les décombres, et des camions sillonnent les rues d'Alger pour recueillir les dons en nourriture, vêtements et couvertures pour les sinistrés. L'aide internationale commence également à arriver. La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a lancé un appel préliminaire de 1,5 million de dollars pour venir en aide aux victimes du séisme. Les fonds serviront à financer l'opération de secours menée par le Croissant-Rouge algérien qui compte fournir abris, vivres et autres secours à un minimum de 10 000 personnes.
Toute l'assistance nécessaire
Peu après l'annonce de la catastrophe, Jacques Chirac a adressé un message de sympathie et de solidarité au président algérien, Abdelaziz Bouteflika, en l'assurant que la France apporterait « toute l'assistance nécessaire » à son pays. Deux détachements d'unités d'intervention de la sécurité civile (UISC) du ministère de l'Intérieur ont été dépêchés sur place, ainsi que 118 spécialistes de détachements d'intervention catastrophe aéromobile, des UISC de Brignoles et de Nogent-le-Rotrou. Cinq médecins figurent parmi ces personnels spécialisés en « sauvetage-déblaiement ». Ils sont accompagnés de 10 chiens dressés à la recherche de victimes sous les décombres. Dans les Transall de l'armée de l'air, les spécialistes des UISC ont embarqué 9,7 tonnes de matériels, essentiellement d'écoute, de détection, de transmission et de manoeuvre de force. En outre, à la demande expresse du ministre algérien des Affaires étrangères, un autre détachement composé de huit médecins, d'un pharmacien, de six infirmiers accompagnés de cinq spécialistes en logistique, a été engagé, emportant avec lui 20 tonnes de matériels, principalement un hôpital de campagne. Deux détachements de marins-pompiers de Marseille et de Monaco et deux autres de sapeurs-pompiers des Bouches-du-Rhône et des Alpes-Maritimes se sont également déplacés.
Fortement mobilisé, le SAMU français se tient à la disposition des autorités algériennes. « De nombreux dispositifs ont été mis en place à partir des SAMU de la région du sud et de l'axe Rhône, explique au « Quotidien » le Dr Marc Giroud, président du SAMU-France. Mais dans l'état présent, le ministère des Affaires étrangères algérien a fait savoir qu'il n'y avait pas de demande. Les secours étrangers sont parfois plus une source de complications qu'une aide. Nos dispositifs restent toutefois en veille et seront activés le moment venu. Il est impératif de respecter la demande et la non demande », ajoute-t-il. Médecins du Monde n'est pas en reste. L'association humanitaire a envoyé d'ores et déjà des malles d'urgence et des kit catastrophe permettant d'apporter des soins de santé primaires, ainsi que deux médecins et un infirmier logisticien. Sur place, l'équipe doit effectuer une évaluation médicale pour décider de la nécessité de besoins supplémentaires.
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