APRES « le Harem de Madame Osmane », tourné en Tunisie, Nadir Moknèche, 39 ans, a voulu réaliser un film dans son pays, dans sa ville. Sans tabou. Pour tenter « de montrer la vie qui se déroule dans une société en déliquescence : le vol ordinaire, les relations affectives et sociales biaisées, le port d'armes banalisé, l'indifférence quotidienne, le mensonge érigé en loi ». Mais ce n'est pas pour ennuyer le spectateur, qu'il soit d'un côté ou de l'autre de la Méditerranée, avec de lourdes démonstrations ou un réalisme étroit. Alors il a inventé de beaux personnages de femmes, qui tentent de vivre leurs passions malgré tous les obstacles.
Il y a Goucem, avec son amant marié et menteur (la scène de sexe qui ouvre le film a choqué à Alger et donne la mesure des libertés que prend le film), ses transformations à vue d'œil, du voile à la minijupe pour aller danser, son besoin de profiter de la vie, son amitié pour la prostituée voisine (Nadia Kaci). Il y a Papicha, sa mère, qui rêve à sa gloire perdue de danseuse de cabaret et qu'on croirait sortie d'un film d'Almodovar. Les deux femmes se sont installées, depuis le début des violences terroristes, dans un hôtel du centre-ville, où elles doivent partager une chambre. Elles parcourent la ville, refusant de se laisser enfermer par la peur ou la pauvreté. Elles font comme si tout était normal ou plutôt elles s'adaptent aux situations, ferment les yeux sur les contraintes.
Lubna Azabal, révélée aux spectateurs français par son rôle dans le film d'André Téchiné « Loin », est pleine d'énergie vitale. Biyouna, comme son personnage, a connu le succès dans les cabarets algérois mais aussi une carrière en dents de scie au cinéma et à la télévision, pour cause d'indépendance d'esprit et de popularité ne correspondant pas à la culture officielle. Il faut la voir chanter, danser sans complexe. Comme cette Algérie que met en valeur Moknèche et qui, on veut le croire, va triompher de l'autre, celle qui veut enfermer. Laldjérie, mélange franco-arabe (Algérie et El Djazaïr), qui a toutes les saveurs.
« Viva Laldjérie », de Nadir Moknèche
Alger la vivante
Publié le 13/04/2004
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> RENÉE CARTON
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 7519
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