« Les cas se répartissent de manière assez homogène sur les mois de juillet et août », précise le Pr Gilles Brucker (directeur général de l'InVS), interrogé par « le Quotidien ». « Compte tenu du risque potentiel que représente la maladie chez certains groupes vulnérables, il nous est apparu essentiel de déclencher une alerte en direction de la population et des professionnels de santé. »
Cette zoonose peu fréquente chez l'homme est due à une bactérie, Coxiella burnetii, et touche en général les ruminants (ovins, caprins et bovins). Elle se transmet à l'homme soit directement par voie aérienne (poussières ou aérosols contenant la bactérie) ou par ingestion de produits laitiers non pasteurisés, soit par l'intermédiaire d'une tique.
L'affection est en général bénigne et il n'y a pas de risque de transmission d'homme à homme. Après une période d'incubation de deux semaines en moyenne, elle se présente sous la forme d'un syndrome grippal aigu (fièvre, frissons, céphalées, courbatures, nausées) qui régresse spontanément en une semaine à dix jours.
Dans 50 % des cas, elle reste cliniquement silencieuse. Toutefois, elle peut être grave chez certains groupes de patients, en particulier chez les personnes atteintes d'une pathologie immunosuppressives : cancers, infection à VIH. En cas de valvulopathie cardiaque, l'évolution vers une forme chronique, le plus souvent une endocardite à hémocultures négatives, impose un suivi médical et une antibiothérapie prolongée. Il existe par ailleurs un risque ftal chez les femmes enceintes, quel que soit le stade de la grossesse : avortement précoce, mort in utero, prématurité.
Des personnes à risque
L'InVS et la DGS recommandent à ces personnes présentant un risque particulier de « consulter leur médecin afin de bénéficier d'un test diagnostic (sérodiagnostic) et d'une prise en charge adaptée, quelle que soit leur situation clinique actuelle, si elles vivent dans la région ou y ont séjourné pendant les trois mois de la période estivale (juin, juillet, août) ».
De plus, le ministère de la Santé est en train d'élaborer des recommandations précises pour le traitement de ces formes particulières de la maladie. Chez la femme enceinte, par exemple, les tétracyclines sont contre-indiqués ; ils pourraient être remplacés par du cotrimoxazole.
Enfin, des investigations sont conduites par les autorités sanitaires afin de déterminer l'origine de l'épidémie. Les recherches se portent sur les troupeaux de ruminants de la vallée et sur une éventuelle transhumance de troupeaux venus du Sud-Est, car on sait que la circulation de la bactérie est assez fréquente chez l'animal dans cette région. Mais, conclut le Pr Brucker, « aucune source précise n'a pour l'heure été identifiée ».
(1) Les sites du ministère de la Santé (sante.gouv.fr), de l'Institut de veille sanitaire (invs.sante.fr) et du Centre national de référence (ifr48.free.fr) donnent des informations sur la maladie.
D'où vient le « Q » ?
La fièvre Q a été identifiée pour la première fois en 1935 en Australie, chez des patients travaillant dans des abattoirs, le germe ayant été isolé en 1937 par F.M. Burnet et M. Freemann.
Une explication généralement admise voudrait que le nom de la maladie provienne de « fièvre de Queensland », en référence à la région dans laquelle elle a d'abord été décrite. Cependant, le Pr Brucker le certifie, l'affection tient son nom de « Query fever », pour désigner son origine incertaine.
Une autre hypothèse, proche de celle-ci, veut que le « Q » corresponde au « X » (inconnu) de notre français.
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