LE 6 DECEMBRE, un homme de 34 ans est hospitalisé à Lens. Il présente une agitation psychomotrice, une confusion, des idées délirantes et une mydriase. On retrouve dans ses urines de la cocaïne et de l'atropine. Il sort vingt-quatre heures plus tard sans trouble du comportement apparent. Des usagers de drogues de la région expliquent que le produit qui circule, dénommé « cristalline », est considéré comme de la cocaïne de très bonne qualité.
Le même jour, quatre hommes, victimes d'épisodes confusionnels à des degrés divers, sont vus au centre hospitalier de Béthune. Trois d'entre eux ont consommé de la poudre dont un échantillon est analysé : il contient environ 60 % de cocaïne et 30 % d'atropine, ainsi que de la phénacétine et de la procaïne.
Avec un autre cas observé à Béthune et sur lequel on ne dispose pas de données cliniques, ce sont au total six personnes vivant dans la même région qui ont eu des problèmes probablement liés à la consommation d'atropine par voie nasale. Une même source d'approvisionnement est donc vraisemblable, ce qui a conduit la direction générale de la Santé à lancer une alerte à destination des toxicomanes susceptibles de consommer ce type de poudre.
D'autant qu'à la même période (fin novembre-mi-décembre) des cas d'intoxication ont été rapportés également aux Pays-Bas (15 cas probables, 3 possibles), en Belgique (12 cas) et en Italie, dans la région de Milan (16 cas, dont 1 décès).
L'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, qui donne tous ces détails sur son site*, rappelle les symptômes que peut entraîner une dose trop élevée d'atropine : bouche sèche, constipation, mydriase, tachycardie, rétention urinaire, peau sèche (chaude et rouge) ; l'intoxication peut provoquer aussi une agitation avec confusion mentale et des hallucinations, et jusqu'à une dépression respiratoire et un coma.
Les échantillons de produits analysés en France et aux Pays-Bas contiennent environ un tiers d'atropine, soit 150 mg d'atropine pour un « rail » de 450 mg. Si le taux de résorption au niveau de la muqueuse nasale n'est pas connu, la relation de 1 à 50 entre la dose thérapeutique par voie orale et la dose contenue dans un « rail » entraîne avec certitude une surdose en atropine et explique les manifestations cliniques décrites.
* www.ofdt.fr.
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