Cas groupés de légionellose à Paris

Alerte européenne et mobilisation des généralistes

Publié le 10/09/2006
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«LE DIAGNOSTIC de légionellose a été confirmé biologiquement pour quinze personnes; l’une d’elles est décédée et six sont toujours hospitalisées», annonçait, à la fin de la semaine dernière, la préfecture de Paris. Le communiqué précise que toutes les victimes ont fréquenté une zone située autour de la gare d’Austerlitz, délimitée par la gare de Lyon, l’avenue d’Italie, le pont d’Austerlitz, le boulevard de l’Hôpital et le boulevard Masséna.

Pharmacien épidémiologiste à l’InVS (Institut de veille sanitaire, unité légionelloses-tuberculose-maladies émergentes), Didier Che estime que «il serait prématuré de parler d’une épidémie, en l’attente des résultats des analyses en cours sur les souches. Trois d’entre elles ont été isolées à ce jour, annonce-t-il, pour lesquelles les analyses en cours au CNR (Centre national de référence) à Lyon, sous la direction du PrJérôme Etienne, devraient permettre de conclure à la fin de la semaine».

Un réseau de 35 pays.

Mais, compte tenu des spécificités du quartier Austerlitz, qui draine une vaste population, en particulier via la gare, une alerte a été lancée dès jeudi dernier par l’intermédiaire réseau Ewgli (European Working Group for Legionella Infections), un réseau de 35 pays qui signale tout cas survenu chez une personne qui a voyagé pendant les dix jours précédant le début de la maladie, en précisant les lieux fréquentés (durée d’incubation de deux à dix jours).

En outre, une alerte est diffusée sur Internet par le réseau DGS urgence, cependant que l’attention des hospitaliers est sollicitée par des messages lancés par la Dhos (Direction de l’hospitalisation et de l’organisation sanitaire). «Pour nous, insiste Didier Che , cette sensibilisation est la condition d’un diagnostic et d’une mise sous traitement adapté précoces, par conséquent d’un abaissement important de la létalité. Tous les généralistes doivent actuellement penser légionellose en présence de signes de pneumopathie, en tout cas chez les adultes.»

Ces dernières années, la médiatisation autour de l’infection à légionelles s’est renforcée, tout particulièrement lors de l’épidémie du Pas-de-Calais. La plus grande réactivité du système de surveillance a ainsi permis que, en dépit d’une sensible augmentation du nombre de cas (1 527 en 2005, soit 27 % de plus par rapport à 2004), la létalité soit en baisse constante.

Dans le même temps, le dispositif relatif à l’exploitation des Tar (tours aéroréfrigérées) fait l’objet d’un renforcement. En 2005, ce sont 13 500 installations de refroidissement par dispersion d’eau qui ont été recensées et soumises à des contrôles inopinés et des analyses d’autosurveillance.

Dans le quartier de la gare d’Austerlitz, parmi la vingtaine de Tar surveillées, deux présentent des taux de rejets supérieurs aux seuils autorisés, qui constituent des sources potentielles étudiées par le Stiiic (service technique interdépartemental d’inspection des installations classées).

En l’état actuel des investigations, il est prématuré d’avancer un quelconque pronostic sur l’évolution de ce cluster qui pourrait tout aussi bien ne pas connaître de développements ultérieurs que donner lieu à une épidémie.

> CHRISTIAN DELAHAYE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8005