De notre correspondante
Dans une région où la cirrhose décompensée reste la première cause de mortalité chez les femmes et où 2 100 décès sont dus chaque année aux pathologies liées à l'alcool, la réduction de la consommation est une des priorités du Programme régional de santé. C'est dans ce cadre qu'est lancé cette semaine le PEPS, Programme expérimental de prévention d'une surconsommation. Objectif : convaincre les personnes qui ne sont pas encore dépendantes de réduire leur consommation d'alcool.
La méthode, baptisée « Alcoochoix », vient tout droit du Québec, où elle est expérimentée avec succès depuis 1993. Elle s'adresse aux personnes qui « ont perdu la liberté d'être abstinentes » sans pour autant être dépendantes, ce que les spécialistes d'alcoologie appellent consommateurs à risques et consommateurs à problèmes. « Ce sont des hommes et des femmes qui rencontrent des difficultés avec leur entourage ou dans leur milieu professionnel à cause de leur consommation excessive et commencent à s'inquiéter pour leur santé », explique le Dr Jacques Yguel, alcoologue à l'hôpital d'Avesnes-sur-Helpe (Nord), qui a eu l'idée d'expérimenter la méthode dans le Nord - Pas-de-Calais.
Plutôt que prôner l'abstinence totale, qui est un renoncement difficile pour beaucoup de buveurs, Alcoochoix propose une réduction contrôlée de sa consommation d'alcool : pas plus de 14 consommations par semaine (avec un maximum de 4 par jour) pour les hommes et de 12 pour les femmes (avec un maximum de 3 par jour) et deux jours d'abstinence par semaine. Le programme s'étale sur six semaines : deux semaines de préparation et d'observation pour trouver ses déclencheurs personnels, une semaine d'abstinence, puis une réduction progressive en trois semaines pour atteindre l'objectif fixé. Il peut être suivi de manière totalement autonome, la personne progressant seule à son rythme ; de façon dirigée avec le soutien d'un professionnel, ou encore en groupe de huit à douze personnes avec rencontres hebdomadaires.
Une dizaine d'antennes réparties sur les deux départements permettront de diffuser la méthode dans toute la région.
De leur côté, les médecins généralistes, qui sont souvent les premiers au courant d'une surconsommation de leur patient, ont été informés sur la méthode, par le biais du bulletin ordinal, et 100 000 affichettes et dépliants à destination du public vont être apposés dans les pharmacies et salles d'attente des cabinets médicaux.
Financé par le Programme régional de santé, ce programme fera l'objet d'une évaluation au bout d'un an. Ses promoteurs espèrent obtenir des résultats aussi encourageants qu'au Canada, où 70 % des personnes ayant suivi la méthode restent stabilisées à 12 consommations par semaine après deux années de réduction contrôlée.
Renseignements : Dr Michel Macaigne, Institut Pasteur, tél. 03.20.87.78.69.
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