Alcool : la fécondité féminine ne serait pas influencée par une consommation modérée

Publié le 29/11/2001
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En 1998, une étude prospective danoise rapportait une baisse de la fécondité de plus de 50 % chez les femmes consommant de l'alcool par rapport aux femmes totalement abstinentes. Mais cette étude incluait un faible nombre de participantes (430), et ses résultats n'ont donc pas immédiatement été traduits par la mise en place de recommandations spécifiques dans les centres d'obstétrique au Danemark. A la suite de cette publication, l'équipe du Dr Mette Julh (Copenhague, Danemark) a proposé la mise en place d'une étude à partir des données du registre national des grossesses (Danish National Birth Cohort) entre 1997 et 2000.

Le délai de mise en route d'une grossesse

Parmi les questions posées aux femmes enceintes lors des premières consultations, des indications sur la consultation hebdomadaire habituelle d'alcool et sur le délai entre l'arrêt de tout moyen contraceptif et la conception ont été demandées. Au total, sur les 39 612 femmes incluses, 3 679 (12 %) se sont déclarées totalement abstinentes avant leur grossesse, 12 429 (42 %) estimaient boire de 0,5 à 2 verres d'alcool (bière, vin ou alcool fort) par semaine, 10 910 (37 %), de 2,5 à 7 verres, 2 368, de 7,5 à 14 verres, enfin, 316, plus de 14 verres.
Chez les 29 933 mères qui avaient planifié leur grossesse, près de 48 % (14 271) ont eu un délai de conception de moins de deux mois, 21 % (6 235), un délai compris entre trois et cinq mois, 16 % (4 651) ont attendu entre six mois et un an, et 15 % (4 607), plus d'un an.
Respectivement, 22 % des femmes buvant plus de 14 verres par semaine et 18 % de celles buvant plus de 7,5 verres et de celles ne consommant pas d'alcool ont eu un délai de conception de plus de douze mois. Ce chiffre n'est que de 14 % dans le groupe des consommatrices modérées.
« Nous avons noté que les femmes consommant le plus d'alcool étaient, en moyenne, plus âgées, plus souvent nullipares et plus volontiers fumeuses (42 %). En revanche, dans le groupe des mères ne consommant que de 0,5 à 2 verres par semaine, la proportion de fumeuses s'élève à 23 %. Enfin, l'indice de masse corporelle (BMI pour Body Mass Index) ne semble pas influencé par la consommation d'alcool », expliquent les auteurs.

L'influence du tabac et du BMI

« Chez les femmes nullipares, la consommation modérée ou élevée d'alcool n'a pas influé sur le délai de conception alors que, chez les multipares, il existe une baisse de la fécondité chez les femmes les plus consommatrices (odds ratio : 1,3, si la quantité d'alcool est supérieure à 14 verres par semaine) », analyse le Dr Juhl. Ces résultats n'ont pas varié après ajustement pour l'âge, le poids et les antécédents de maladies pelviennes. Seuls la notion de tabagisme et le BMI ont influé de façon notable sur la fécondité, ce qui avait déjà été mis en évidence dans de précédentes études.
Mais cette étude comporte au moins deux biais : elle ne prend pas en compte le nombre de rapports sexuels des couples et elle ne se base que sur la consommation d'alcool déclarée par les femmes. Or on sait que ce type de déclaration sous-estime souvent les habitudes réelles, en particulier chez les plus grands consommateurs.

« Human Reproduction », vol. 16, n° 12, 2705-2709, 2002.

Dr Isabelle CATALA

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7021