L'alimentation et, plus largement, le mode de vie jouent un rôle important dans la survenue des maladies cardio-vasculaires. La première étude majeure pour le démontrer a été l'« étude des sept pays », mettant en évidence un lien entre alimentation lipidique, cholestérol et maladie coronarienne. D'autres ont suivi dont MONICA, mise en place par l'OMS dans une trentaine de pays au monde.
L'étude PRIME (Prospective Study of Myocardial infarction) est un prolongement de MONICA menée à Belfast, à Lille, à Strasbourg et à Toulouse. Elle concerne 10 000 hommes âgés de 50 à 59 ans suivis pendant cinq à dix ans. L'incidence des accidents cardio-vasculaires est plus importante à Belfast (+ 80 %) comparée aux villes françaises. Dans les deux cas, le niveau d'études est relié de manière négative au risque, et un chômeur à 50 % de risque supplémentaire. Si, en France, un état dépressif multiplie par deux le risque, ce n'est pas le cas à Belfast. La consommation de fruits et de légumes est protectrice dans toutes les régions.
A quantité d'alcool égale, seuls les buveurs réguliers ont une relative protection. Ainsi, à Belfast, où la consommation de boissons alcoolisées se concentre sur la fin de semaine, on n'observe pas de rôle protecteur sauf pour les plus faibles consommateurs. La manière de boire est importante et doit être prise en compte dans toute étude concernant la consommation de boissons alcoolisées. Compte tenu de toutes ces données, un constat s'impose pour le Pr Ducimetière, les efforts doivent porter sur la prévention.
Le vin n'a pas le monopole du coeur
En terme de boissons, le vin n'a pas le monopole du cur. Une étude française présentée par le Pr Jean-Louis Megnien (Paris) a analysé le taux plasmatique d'homocystéine de buveurs de vin, de bière ou d'eau (33 dans chaque groupe). Il s'agissait de patients à risque vasculaire consultant dans un centre de médecine préventive cardio-vasculaire.
L'homocystéine est un facteur de risque cardio-vasculaire et de complications vasculaires du diabète (T. Abdel-Aaty). Le taux d'homocystéine est prédictif de la progression de l'athérosclérose carotidienne et coronarienne (C. Fernandez-Miranda). Il augmente la production de superoxide dismutase, un puissant oxydant, au niveau de la cellule endothéliale (H. Tasaki). L'élévation de l'homocystéine favorise l'oxydation des LDL (E. Nakano). Le traitement est assez simple puisqu'il consiste à administrer de l'acide folique. Dans une étude grecque, après quatre semaines de traitement par 5 mg d'acide folique, le taux d'homocystéine diminue ainsi que celui de triglycérides tandis que le HDL augmente (S. Paximadas).
Dans l'étude de Megnien, les buveurs modérés et réguliers de bière ont un taux d'homocystéine significativement inférieur (p < 0,01) à celui des buveurs de vin ou d'eau. Cela pourrait être expliqué par la présence de vitamines du groupe B dans la bière, mais les taux plasmatiques de vitamine B12 et B9 ne sont pas différents dans les deux groupes.
Congrès de l'ISA. D'après les communications de P. Ducimetière (Villejuif), J.-L. Megnien (Paris), S. Paximadas (Athènes), E. Nakano (Sheffield), H. Tasaki (Japon), C. Fernandez-Miranda (Madrid), T. Abdel-Aaty (Alexandrie).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature