Faudra-t-il dans une ou deux décennies ajouter à la recommandation « manger 5 fruits et légumes par jour » celle de « porter son masque pour chaque sortie à l’extérieur » ? Nous n’en sommes pas tout à fait là, mais... Les habitants de Pékin ne sont-ils pas obligés de porter un masque parce qu’ils souffrent quotidiennement de l’« airpocalypse » ? En tout cas, les alertes pollution lancées ces derniers jours en France, les plus graves depuis 2007, nous rapprochent de cette éventualité. Comme vient de le faire la DGS qui a recommandé – un peu tard – en fin de semaine dernière aux personnes fragiles de s’exposer le moins possible.
Alors, comme le XXe siècle a été celui de l’infectiologie, le XXIe sera t-il celui des pathologies liées à l’environnement ? Dans ce numéro qui y est consacré, les experts s’accordent à dire qu’on a redécouvert depuis les années 1990 l’importance du rôle de l’environnement. La mauvaise qualité de l’air réduit ainsi l’espérance de vie de quatre à six mois ! On perçoit le rôle des perturbateurs endocriniens dans l’infertilité. Le diabète serait en bonne partie sous l’influence de ce qui nous entoure via l’épigénétique. Et on ne compte pas le rôle de l’air vicié dans les crises d’asthme, les exacerbations de BPCO et même l’infarctus.
L’alerte sanitaire mondiale viendra t-elle finalement du monde médical ? Peut-être bien. à ce jour, les experts qui s’écharpent sur la fonte des glaciers ou la couche d’ozone semblent peu en mesure de faire avancer cette cause. Bruxelles a proposé mercredi des plafonds plus stricts pour les polluants alors que les actuels ne sont déjà pas respectés. Quant à l’OMS, elle vient juste de classer la pollution atmosphérique comme un cancérogène « avéré » pour l’homme. Tâche ardue car les pathologies liées aux facteurs environnementaux donnent des signes discrets et peu spécifiques. Et on a bien vu que les maladies causées par l’amiante se déclarent 35 à 40 ans après l’exposition au minerai. Dans ce contexte de mobilisation dispersée, certains confrères, pas forcément verts, sont ainsi devenus lanceurs d’alerte, sur une simple intuition parfois.
Tout pousse à ne pas baisser la garde. Car pas question de se fier aux pouvoirs politiques dont la ligne sur l’écologie est aussi opaque que l’air parisien sur le périphérique. Les allers et retours incessants sur la taxe carbone ou la transition énergétique et le jeu des chaises musicales au ministère de l’écologie où trois ministres se sont succédé en quasiment un an, ne sont pas là pour nous rassurer.
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