Il n’y aura pas de dérogation ! L’obligation vaccinale sera étendue à 11 valences pour tous les enfants nés après le 1er janvier 2018. Même la suggestion du rapport Fischer, issu de la concertation citoyenne sur la vaccination, de permettre une clause d’exemption a été écartée. Agnès Buzyn a sifflé la fin de la récré au motif que le taux de couverture vaccinale devenant critique en France, laisser des enfants non vaccinés leur ferait courir un risque inadmissible de contracter sur le territoire français une maladie grave évitable. Jusque-là rien à redire, le discours est construit et fondé sur les données de la science.
Onze vaccins, c’est d’ailleurs déjà ce que reçoivent la grande majorité de nos nourrissons et ils ne s’en portent pas plus mal. La variole n’a disparu de la surface de la planète qu’au prix d’une vaccination qui, pour le coup, était véritablement risquée et assumée. Qui s’en plaindrait ? Alors, pourquoi tant de messages alarmistes sur la vaccination qui envahissent internet ? Certes, il y a ce fameux débat autour de l’aluminium utilisé comme adjuvant. Sur cet aspect, suite à un article polémique du Parisien, l’agence du médicament a réaffirmé l’absence de signal de sécurité lié à l’aluminium des vaccins. Que reproche-t-on à la vaccination ? En réalité, les antivax sont moins le fruit d’une contre-argumentation scientifique que celui d’une évolution sociétale fondée sur la justification des individualités. Comme si, chacun à son niveau, pouvait se sauver tout seul en mangeant bio, en recourant aux médecines naturelles… ou en étant vaccino-sceptique. Au risque de laisser le champ libre aux complotistes, aux militants politiques extrémistes… voire, hélas parfois, à certains scientifiques qui surfent sur cette aubaine médiatique, comme le décrit notre dossier sur les antivax.
L’obligation est-elle une bonne chose ? La vaccination ne devrait-elle pas être le fruit d’incitations et de décisions partagées comme le souhaite le Collège National des Généralistes Enseignants ? Sans doute les deux. La contrainte se justifie du point de vue de la Santé publique et probablement fallait-il le courage politique d’une ministre médecin pour l’assumer. Nombre de praticiens se félicitent de cette décision. Reste que dans une médecine moderne - où toute décision médicale fondée sur l’EBM considère la volonté du patient - peut-on penser ne pas tenir compte des doutes de chacun ?
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