LA FRANCE est un des pays industrialisés les plus touchés par le suicide, avec près de 13 000 décès et plus de 160 000 tentatives de suicide par an. Ils représentent 2 % de l'ensemble des décès annuels, cette part variant fortement selon l'âge. Pour les personnes de 15 à 44 ans (4 000 décès par an), le suicide représente la deuxième cause de décès, après les accidents de la circulation.
En 1997, la prévention du suicide a été reconnue comme priorité nationale de santé publique. En 2000, la France a mis en place un programme national de prévention et a réaffirmé, dans le plan de santé mentale 2005-2008, la nécessité de poursuivre ces actions de prévention. Malgré de nombreux préjugés et la crainte que justifie le suicide, il apparaît maintenant possible de le prévenir. Identifier la crise suicidaire, en évaluer l'urgence et la dangerosité rendent possible l'action thérapeutique permettant d'éviter le passage à l'acte. La crise suicidaire est une période de vulnérabilité particulière, dont l'acte suicidaire est une des évolutions possibles. Elle dure entre six et huit semaines, et traduit un moment de rupture pendant lequel le suicide apparaît comme la seule solution possible pour arrêter sa souffrance.
Un généraliste consulte dans le mois précédant le passage à l'acte.
Le médecin généraliste est l'un des acteurs pouvant être confrontés à cette période. De 60 à 70 % des suicidants ont consulté un médecin généraliste dans le mois précédant le passage à l'acte et 36 %, dans la semaine. Dans près de 80 % des cas, les praticiens estiment que la consultation qui précède l'acte est en rapport direct avec un état dépressif. Si huit fois sur dix le diagnostic est posé, les intentions de ces patients proches du passage à l'acte ne sont pas repérées, en très grande majorité (J.-L. Ducher, J.-L. Terra, 2006). C'est pourquoi l'amélioration de la prévention du suicide passe, entre autres, par l'amélioration de la capacité des médecins généralistes à détecter les idées suicidaires de façon systématique chez tout patient déprimé et à évaluer l'urgence.
Certains praticiens appréhendent cependant de renforcer le passage à l'acte en abordant ces questions. Il ne faut pourtant pas hésiter à questionner les patients sur leurs idées suicidaires : cette attitude, loin de renforcer le risque, ne peut que favoriser l'expression des troubles, de sorte que le patient se sente reconnu dans sa souffrance. En outre, des éléments objectifs, clairs et précis existent. Ils permettent de mieux cerner le patient à risque suicidaire et fournissent des éléments de compétence aux professionnels de santé pour prendre en charge la crise suicidaire. Le médecin apprenant ainsi à «établir le contact» sera plus à même d'évaluer l'urgence ou la dangerosité, de reconnaître un facteur précipitant…
Faciliter la diffusion et la mise à disposition d'outils validés permettant aux médecins généralistes de mieux détecter et de mieux appréhender la crise suicidaire est l'un des leviers d'action pour faire reculer à terme le suicide. C'est la démarche que vient d'entreprendre l'Institut français de la démarche qualité en santé, avec le soutien institutionnel de Wyeth Pharmaceuticals France, en démarrant la campagne Qualidem.
Conférence de presse organisée par Wyeth France, à laquelle participaient le Pr J.-L. Terra (Lyon), ainsi que les Drs P. Rimbaud (directeur délégué d'Ifdqs) et D. Giraud (directeur médical Wyeth France).
Le praticiel Qualidem
Le praticiel Qualidem est élaboré à partir d'une liste primaire d'indicateurs de pratique soumise à la discussion entre pairs de 4 000 médecins généralistes réunis en 175 cercles Qualidem (cordonnés par un modérateur médecin généraliste, un médecin observateur généraliste et un médecin observateur de la spécialité). Une analyse des indicateurs proposés est effectuée à partir des retours des 175 cercles Qualidem. Il en est extrait une liste des indicateurs retenus, qui est revue et validée par le comité de pilotage, pour devenir le praticiel Qualidem sur le thème. Ce praticiel est alors proposé à tous les médecins comme outil de mémorisation des pratiques recommandées, de tenue quotidienne des dossiers de soins, d'autoévaluation périodique des pratiques.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature