De notre correspondante
Le nombre de personnes bénéficiant d'une aide financière pour le maintien à domicile va passer de 13 500, le nombre de bénéficiaires de l'actuelle prestation sociale dépendance (PSD), à 800 000 avec l'APA qui va démarrer le 1er janvier (les décrets d'application doivent être publiés avant la fin du mois).
Certes, comme l'a rappelé Elisabeth Guigou, cette nouvelle prestation pourra aussi bien être dépensée par les bénéficiaires pour leurs déplacements que pour adapter leur salle de bains à leur handicap, mais nul n'ignore que sa principale utilisation va être l'aide à domicile. Dès qu'elles vont en avoir les moyens financiers, la plupart des personnes âgées vont faire appel à ces « aides-ménagères » dont le rôle va bien au-delà du balai et de la serpillière. D'où un formidable appel d'air dans ces associations qui avaient déjà des difficultés à répondre aux demandes.
Pourquoi de telles difficultés à recruter en ces temps de chômage dans une profession qui n'exige pas, au départ, de formation de haut niveau et dont la dimension humaine devrait en faire un travail attractif ? La réponse est apportée par la foule de jeunes femmes (et quelques jeunes hommes) en grève depuis une semaine qui, devant le palais des Congrès où était accueillie Elisabeth Guigou, brandissaient des banderoles et criaient : « Augmentation, mensualisation ».
Le personnel de ce secteur continue en effet à être payé à la vacation. « Quand une mamie est hospitalisée une semaine, quand elle part en cure ou qu'elle va passer quelques jours chez ses enfants, c'est autant d'heures de travail, et donc de revenu en moins », explique une aide-ménagère salariée d'une association marseillaise. Une révolte dont plusieurs responsables d'associatio se sont faits les porte-paroles au cours du débat organisé avec Elisabeth Guigou sur l'APA.
30 F de l'heure
Il apparaît en effet que la convention collective de ces personnels date de 1983 et que leur rémunération n'a jamais été réévaluée : 30 F de l'heure ! « Nous les embauchons tout de même à la valeur du SMIC mais nous ne pouvons pas les augmenter en cours de carrière : elles ne dépassent le SMIC de quelques francs qu'à partir de 17 ans d'ancienneté... », reconnaît la directrice de l'une de ces associations. La seule application des 35 heures demanderait que le taux horaire soit augmenté de 8 F. Soulignant que ces personnels vont jouer un rôle capital dans l'application de l'APA, la ministre de la Solidarité a reconnu que les 4,50 F d'augmentation proposés dans un premier temps se révélaient notoirement insuffisants et que, à l'issue des dernières négociations, on s'orientait vers une augmentation comprise entre 7,50 et 8,50 F.
« Les difficultés de ce secteur sont anciennes, a-t-elle plaidé, et c'est la nouvelle loi sur l'APA qui a permis de donner un coup de projecteur sur ces personnels trop ignorés ; nous allons donc saisir l'occasion de traiter ce secteur comme il le mérite afin de pouvoir recruter les dizaines de milliers d'emploi qui vont être nécessaires .» Parallèlement, un fonds de modernisation va permettre de financer la formation de ces personnels et, pour les associations, d'acquérir les moyens informatiques facilitant leur gestion.
Recrutement promis également dans les conseils généraux, qui vont devoir constituer des équipes composées au minimum d'un médecin et d'un travailleur social pour évaluer sur place les besoins de chaque demandeur d'aide à l'autonomie.
Les inspecteurs des Affaires sanitaires et sociales ont eux aussi interpellé la ministre à l'occasion de son passage à Marseille : « DDASS et DRASS n'ont déjà pas les effectifs suffisants pour répondre aux besoins actuels. » Reconnaissant que « ces services décentralisés de l'Etat sont ceux qui ont les plus grosses difficultés » et que « leurs missions augmentent toujours plus que leurs moyens », Elisabeth Guigou a annoncé le recrutement immédiat de 80 contractuels et un renforcement des effectifs dans le prochain budget.
Le manque d'infirmiers
Autre pilier du maintien à domicile des personnes en perte d'autonomie : les infirmiers. De leur côté, les infirmiers libéraux attendent toujours un « plan de soins infirmiers » qui, selon Elisabeth Guigou, devrait pouvoir être mis en place en même temps que l'APA. Reste, dans certaines villes de la région PACA, un souci particulier pour les personnes âgées, handicapées ou malades : la quasi-impossibilité de trouver un infirmier disponible. Le directeur de la DDASS des Bouches-du-Rhône a annoncé qu'il étudiait actuellement les raisons de ce phénomène pour pouvoir y remédier.
Les promesses formulées lors du débat de Marseille ne pourront peut-être pas toutes être tenues aussi rapidement qu'il serait souhaitable pour la bonne mise en uvre de l[212]APA, mais cette réunion aura au moins permis au ministre, à ses conseillers et aux responsables locaux de mieux cerner les situations concrètes. D'autant plus que de telles journées de travail, déjà menées à Clermont-Ferrand et à Lyon, vont se poursuivre dans les principales villes de France.
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