« CE RAPPORT est une étape décisive pour mettre en évidence les préoccupations soulevées par la réaction disproportionnée à la grippe porcine en Europe, ainsi que l’influence possible des firmes pharmaceutiques dans le déclenchement des réponses », a estimé la députée européenne Michèle Rivasi (Verts/ALE), rapporteur du texte voté mardi à une large majorité. Un texte très critique sur la gestion de la grippe A(H1N1)v en Europe en 2009-2010. Dans leur résolution, les députés exhortent l’Organisation mondiale de la santé (OMS) « à réviser la définition de pandémie en prenant en considération, outre le critère de l’extension géographique, celui de la gravité ».
Les États membres ont « rapidement réagi, conformément au principe de précaution, à mesure des moyens dont ils disposaient », souligne la résolution. Mais, prises dans un contexte d’alerte maximale, les décisions de santé ont été « parfois disproportionnées ». Selon le bilan établi à la fin d’avril 2010, le virus A(H1N1)v a causé 2 900 morts en Europe, des chiffres faibles « en comparaison de la mortalité liée à la grippe saisonnière, de 40 000 à 220 000 morts selon les années », commente Michèle Rivasi. Et tout cela pour des coûts significatifs « estimés à 1,3 milliard d’euros au Royaume-Uni et entre 700 et 760 millions d’euros en France ». « En comparaison, la grippe saisonnière coûte 87 millions d’euros par an en France », poursuit la députée européenne.
Les critiques formulées dans cette résolution ne visent pas seulement l’OMS. Sont également mis en cause les plans nationaux eux-mêmes, la coopération limitée entre les États, les divergences au sein de l’Union des recommandations concernant les groupes prioritaires. En particulier l’absence d’achats groupés de vaccins, de stocks communs, de mécanismes de solidarité et de médiation entre les États ainsi que le fait que plusieurs d’entre eux n’avaient pas conclu d’accords préalables d’achat « ont été les principaux facteurs qui ont miné la meilleure préparation de l’Union ».
Impliquer les professionnels de santé.
Les députés insistent sur la nécessité d’une réévaluation des stratégies vaccinales et des plans mis en place au sein de l’Union. La résolution appelle aussi les États membres « à impliquer davantage les professionnels de santé dans toutes les étapes de l’élaboration et de l’application d’une stratégie de prévention et de lutte contre une épidémie ».
L’appel à plus de coopération se double d’une exigence plus grande d’indépendance et de transparence. Les députés demandent aux fabricants de vaccins d’endosser la pleine responsabilité de la qualité, de la sécurité et de l’efficacité de leurs médicaments, comme l’exige la législation européenne. Ils réaffirment « la nécessité de disposer d’études scientifiques, indépendantes des firmes pharmaceutiques, sur les vaccins et les antiviraux y compris en ce qui concerne la couverture vaccinale ».
Le texte revient aussi sur le problème des conflits d’intérêts. Il recommande l’élaboration d’un code de conduite européen relatif à l’exercice des fonctions d’experts scientifiques dans toute autorité européenne, chaque expert devant souscrire aux principes éthiques de code avant d’accepter sa mission. Les députés estiment enfin qu’il est nécessaire d’élaborer de meilleures stratégies de communication.
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