AVEC DEUX JOURNEES d'action mardi et jeudi, la semaine prochaine ne sera pas des plus calmes dans les hôpitaux publics. Parce qu'ils ne se satisfont pas des nouvelles conditions de recrutement des praticiens étrangers, les médecins diplômés hors de l'Union européenne seront en grève mardi. Pour dénoncer la politique « d'austérité » à son sens à l'œuvre au sein de l'Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP), Sud-Santé appelle les personnels de l'institution à faire grève jeudi. Le même jour, les psychiatres publics protesteront contre la dégradation de leurs conditions de travail, l'enjeu étant, disent-ils, de sauver la qualité des soins qu'ils délivrent à la population.
Pas de soins ni de gardes.
Mardi, c'est purement et simplement une grève des soins et des gardes que la Fédération des praticiens de santé (FPS) organise en appelant les milliers de médecins diplômés hors de l'Union européenne qui exercent dans les hôpitaux à cesser le travail. Pour la FPS, il s'agit - comme cela avait été fait avec succès le 15 septembre dernier lors d'une précédente journée d'action - d'alerter l'opinion publique sur la situation difficile de médecins déjà en poste, mais pour lesquels le futur système de recrutement des médecins étrangers (fondé sur un concours dont la première édition aura lieu en mars prochain) ne prévoit pas de conditions spécifiques. La FPS milite en particulier pour l'ouverture des épreuves à toutes les spécialités, pour la prise en compte du service rendu par les candidats aux hôpitaux français et pour l'extension des places au concours créées « hors quota » - de telles dérogations sont prévues pour les réfugiés politiques, le syndicat voudraient que les titulaires d'un DIS, du Csct et que ceux qui ont déjà validé trois ans de stages puissent en bénéficier. La question de la régularisation de praticiens diplômés hors d'Europe fera l'objet d'un débat lors du 8e Congrès de la FPS, réuni le 20 novembre à Paris.
A l'AP-HP jeudi, ce sont les personnels qui sont appelés à la grève. La fédération Santé de Sud orchestre le mouvement et dénonce l'effet « destructeur pour le tissu hospitalier » du « plan d'équilibre » arrêté en 2003 par la direction et l'Etat - un contrat de retour à l'équilibre en 2006 en vertu duquel l'AP-HP s'est engagée à réaliser 240 millions d'euros d'économies et à vendre pour 170 millions d'euros d'actifs immobiliers en échange d'une aide de 230 millions d'euros. « Il ne s'agit plus de soigner les malades,mais de les trier pour ne soigner que ceux qui rapportent en termes de pathologie et d'augmenter la rotation des malades dans les lits », accuse le syndicat, qui poursuit : « Aujourd'hui, les conditions de travail du personnel hospitalier sont alarmantes dans tous les hôpitaux de l'AP-HP et nous ne pouvons que dénoncer l'insécurité permanente qui pèse sur les patients du fait d'une vision purement comptable de l'hôpital. » Sud demande la démission de la directrice générale de l'AP-HP, Rose-Marie van Lerberghe.
Quant aux psychiatres, réunis dans l'Idepp (Intersyndicale de défense de la psychiatrie publique), ils ont également choisi la journée de jeudi pour se faire entendre. Ils souhaitent pousser un « cri d'alarme ». « L'avenir de toute notre profession » est en jeu, expliquent-ils, citant pêle-mêle « les budgets de plus en plus étriqués (qui ne leur) permettent pas de faire face aux demandes » de la population, la « crise suraiguë » que traverse le secteur de psychiatrie, la pénurie de psychiatres qui « s'accentue de façon majeure dans des régions de plus en plus nombreuses, alors que les psychiatres sont et de loin les spécialistes aux revenus les plus réduits », l'absence d'amélioration statutaire, la non-reconnaissance de la pénibilité de la spécialité quand elle prend en charge des malades violents. « Comment s'étonner dans ces conditions de la fuite massive des psychiatres publics vers le privé et le libéral ?», s'interroge l'Idepp.
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