« La voie intramusculaire (I.M.) avait, en psychiatrie, jusque dans les années 1970-1980, une valeur symbolique associant efficacité et douleur. Elle pouvait même parfois être parée d'une connotation punitive ! », estime le Dr Jean Tignol, psychiatre à Bordeaux. L'objectif recherché était alors avant tout, devant une agitation, d'obtenir une sédation massive et rapide. Les indications sont désormais beaucoup plus restrictives et ciblées.
L'I.M. s'inscrit aujourd'hui dans une stratégie prédéfinie qui privilégie le contact verbal et la proposition, appuyée par toute l'équipe soignante, d'un traitement par voie orale. Elle doit être réservée aux cas extrêmes, où le patient le refuse, alors que son comportement ou l'état d'agitation dans lequel il se trouve impose une prise en charge immédiate. Pour Olivier Tellier d'Albi, la prise de décision doit intégrer trois facteurs : la souffrance psychique du sujet n'est pas toujours proportionnelle à l'état d'agitation, la situation doit être prise en compte dans sa globalité et, enfin, ce geste s'inscrit dans le traitement au long cours de la maladie (le vécu du patient influencera grandement le succès du traitement ultérieur).
Pour toutes ces raisons, traiter l'agitation ne suffit pas. Il faut être efficace sur l'anxiété qui peut persister malgré la sédation apparente. La vigilance doit être maintenue dans la mesure du possible afin de conserver le lien relationnel entre patient et soignants. Le produit choisi doit, en outre, induire un minimum d'effets secondaires.
L'olanzapine semble répondre à ces critères, tout en étant bien toléré.
Equivalente à celle de l'halopéridol
Dans la schizophrénie, différentes études concluent à une efficacité statistiquement équivalente à celle de l'halopéridol, jusque-là drogue de référence. Il n'existe pas non plus de différence entre ces deux produits en cas d'association avec les benzodiazépines. En revanche, le délai d'action est plus court (dès la quinzième minute) et la posologie de 10 mg ne nécessite en général qu'une seule injection pour être efficace (76 % des patients).
Dans le cas d'accès maniaques, le délai d'action est plus court que pour le lorazépam. L'amélioration de l'agitation, mesurée par l'évolution du score de la PANSS-EC (1) deux heures après l'injection, est également supérieure à ce produit. La tolérance extrapyramidale est comparable au placebo, avec absence totale de dystonie et faible recours aux traitements anticholinergiques. L'ECG ne met en évidence aucune anomalie de l'intervalle QTc.
Dans les deux indications, le traitement injectable doit être de courte durée (trois jours consécutifs au maximum) et relayé par voie orale dès que l'état du patient le permet.
Conférence de presse organisée par le Laboratoire Lilly.
(1) Positive And Negative Syndrom Scale Exited Component.
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