Tout en poursuivant et même en intensifiant les bombardements sur l'Afghanistan, les Etats-Unis sont à la recherche d'un après-taliban et semblent hésiter sur leur stratégie politique.
Les jours des taliban sont comptés. Et si George W. Bush l'avait voulu, les troupes de l'Alliance seraient déjà entrées à Mazar i-Sharif et feraient le siège de Kaboul. On accordera ce crédit à Colin Powell, le secrétaire d'Etat, qu'il ne fait pas de raisonnement simpliste : l'opposition afghane est composée de diverses tribus qui ne seraient peut-être pas mieux acceptées par la population afghane que les taliban. Elle est aussi responsable de la guerre civile qui a suivi le départ des forces de l'URSS et a permis aux taliban de s'emparer du pouvoir.
M. Powell cherche donc à mettre sur pied une coalition plus large sous l'égide du vieux roi Zaher Chah, qui serait plus représentative et donnerait peut-être une chance aux Afghans d'être mieux représentés. C'est pourquoi, jusqu'à présent, les Américains n'ont pas donné le feu vert à l'Alliance pour qu'elle réoccupe le pays.
Il est très difficile de deviner les intentions de Washington. Le gouvernement américain fait le black-out sur les informations, ce qui est préférable à la désinformation de la guerre du Golfe. M. Bush s'est engagé en faveur du Pakistan, qui le lui rend bien : le général Pervez Moucharraf est complètement acquis à la cause des Américains en dépit des émeutes provoquées par la minorité intégriste du Pakistan. Colin Powell, après sa visite à Islamabad, s'est rendu en Inde pour rassurer le gouvernement de M. Vajpayee. C'est un exercice d'équilibriste, car le contentieux entre l'Inde et le Pakistan est très lourd et que la question du Cachemire oppose les musulmans pakistanais aux hindouistes de l'Inde. Là aussi, on est en pleine guerre de religion.
Mais le temps presse. Pas seulement parce que les manifestations dans le monde arabo-musulman menacent à terme des gouvernements alliés des Etats-Unis, mais parce que l'hiver approche et que si la défaite des taliban n'est pas consommée dans un mois, le conflit risque de se transformer en un nouveau Vietnam pour les Américains.
En outre, les bombardements font des victimes parmi les civils. La capture d'Oussama ben Laden est souhaitable, mais probablement impossible : il n'attendra pas que les forces américaines viennent le chercher. Mais il sera déstabilisé durablement et, en vérité, il ne sait pas où aller : il ne peut même plus compter sur le Soudan.
La campagne antiterroriste a donc produit ses fruits : certes, de nouveaux attentats peuvent encore se produire, comme en témoignent les attaques biologiques, mais, pour les réseaux d'assassins, c'est partout le sauve-qui-peut : ils sont traqués par tous les pays, y compris les Etats arabes. Cette campagne ne doit pas être relâchée dans les mois qui viennent et elle sera sans doute intensifiée, en même temps que se mettent en place des moyens de protection nouveaux dans les pays-cibles.
Il est impératif que la campagne militaire se termine dans les trois ou quatre semaines qui viennent. Si l'on se réfère à la Yougoslavie, la preuve a été fournie qu'on peut mettre à bas à un régime intolérable si on a assez de sang froid. Les Etats-Unis, à ce jour, ont réussi un tour de force diplomatique en conservant le soutien discret des pays arabes. Ils doivent rapidement transformer l'essai.
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