Les principales conclusions du rapport établi par l'OMS et la Décennie des os et des articulations (« Le poids des affections musculo-squelettiques dans le monde au début du nouveau millénaire ») ont été remises à Bernard Kouchner par le Pr Liana Euller-Ziegler (membre du Comité de pilotage international et cocoordonateur du réseau français de la « Décennie »).
Ce rapport confirme l'importance considérable sur les plans humain et socio-économique des affections des os et des articulations (arthroses, arthrites, mal de dos, ostéoporose, conséquences des accidents de la voie publique...), qui touchent des centaines de millions de personnes dans le monde, sont responsables de douleurs sévères et prolongées, représentent la première cause d'invalidités physiques et vont encore s'accroître de façon spectaculaire avec le vieillissement de la population.
La décennie 2000-2010 est devenue officiellement la Décennie des os et des articulations (Bone & Joint Decade) sous l'égide de l'OMS et de l'ONU. La Décennie constitue une force multidisciplinaire mondiale associant toutes les personnes et toutes les structures concernées par ces problèmes : organisations de professionnels de santé, de scientifiques et de patients, journaux scientifiques, organismes de recherche, gouvernements et organisations non gouvernementales. Plus de 750 organisations et 37 gouvernements la soutiennent, dont la France, depuis le 20 juin 2000.
L'Hexagone est très concerné par le poids des affections de l'appareil locomoteur, en termes de qualité de vie et de dépenses de santé, et par l'importance stratégique des besoins (des enquêtes ont montré que 20 % de la population française souffre à tout moment de maladies des os et des articulations).
Les demandes des sociétés* membres du réseau national, qui associe médecins et patients, ont été envisagées avec attention par le ministre. De façon générale, leur souhait est de promouvoir la recherche, l'enseignement, les moyens de prise en charge et de prévention, à la hauteur des enjeux considérables que constituent les affections musculo-squelettiques. Des points précis ont aussi été discutés lors de l'entretien. En particulier la place de l'ostéodensitométrie dans le dépistage de l'ostéoporose et son remboursement. Pour Bernard Kouchner, il n'y a pas d'intérêt à réaliser un tel examen en population générale. Une étude est en cours de réalisation afin d'estimer le nombre de femmes présentant des facteurs de risque susceptible de tirer un bénéfice de cet examen qui, selon les recommandations de l'ANAES, doit être pratiqué dans des conditions techniques optimales nécessitant une procédure d'assurance qualité des appareils. Le ministre étudiera la place de l'ostéodensitométrie dans les stratégies de dépistage ciblé de l'ostéoporose.
6 000 patients pris en charge
Autre préoccupation : le traitement des polyarthrites rhumatoïdes sévères par les anti-TNF-alpha : un important programme de soutien au financement de l'infliximab, au titre des innovations coûteuses en 2001 et de l'enveloppe « progrès médical » en 2002, a été lancé. Cet effort financier permettra de prendre en charge 6 000 patients dès cette année sur des critères précis de sévérité et d'activité de la maladie. Par ailleurs, la question de l'accès aux anti-TNF se pose dès maintenant pour d'autres rhumatismes inflammatoires chroniques comme les spondylarthropathies et nécessite un engagement de la part des laboratoires pharmaceutiques d'apporter les preuves de l'efficacité de ces médicaments dans de telles indications.
Le ministre a accueilli favorablement la demande de développer l'information-éducation et l'éducation thérapeutique des personnes rhumatisantes (notamment dans les affections chroniques), dont le bénéfice est prouvé.
La poursuite de la lutte contre la douleur et de la politique de prévention et de prise en charge des handicaps en France concerne très largement les personnes atteintes d'affections des os et des articulations. Une manifestation nationale pourrait être organisée cette année.
Bernard Kouchner exprime le vu que ces affections figurent en bonne place dans les programmes de FMC. Il souligne le dynamisme de l'enseignement qui incluent des innovations pédagogiques comme le Programme Patient Partenaire, où, en complément de l'enseignement traditionnel de la rhumatologie en France, des patients volontaires et spécialement formés enseignent aux étudiants en médecine le vécu de la maladie et l'importance d'un dialogue médecin-malade de qualité.
Enfin, compte tenu de leur fréquence, de leur gravité et de leur accessibilité à des mesures simples d'éducation pour la santé, les maladies des os et des articulations pourraient être présentées comme candidates à une campagne type « grande cause nationale ».
* AFLAR (Association française de lutte antirhumatismale, reconnue d'utilité publique), GRIO (Groupe de recherche et d'information sur les ostéoporoses), SFA (Société française d'arthroscopie), SFMCP (Société française de médecine et chirurgie du pied), SOFCOT (Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique), SOFMER (Société française de médecine physique et réadaptation), SFR (Société française de rhumatologie).
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