Après la publication d'un communiqué du procureur de la République de Boulogne-sur-mer (Pas-de-Calais) sur les causes de la mort de Vincent Humbert, le jeune tétraplégique décédé le mois dernier au centre Héliomarin de Berck-sur-mer, le Dr Michel Ducloux, président du Conseil national de l'Ordre des médecins, « estime ne pas avoir un mot à changer à (sa) prise de position publique en faveur du Dr Chaussoy ».
Pour étayer l'incrimination de « faits de nature criminelle qualifiés d'empoisonnement avec préméditation », des faits passibles de la réclusion criminelle à perpétuité, le parquet, par la voix de Gérard Lesigne, procureur, avait affirmé que les investigations médico-légales concluaient que la mort du jeune tétraplégique « ne résultait pas directement de l'arrêt du respirateur artificiel, mais de l'administration de Nesdonal et de chlorure de potassium, pratiquée par le médecin, sous forme de deux injections successives ».
Immédiatement après la publication de ce communiqué, le président de l'Ordre départemental du Pas-de-Calais, le Dr Marc Biencourt, prenait contact avec le Dr Frédéric Chaussoy. Celui-ci lui a précisé que, lors de l'arrêt du respirateur artificiel, un spasme laryngé s'est produit, qu'il a levé en administrant un décontracturant.
« Ce geste thérapeutique s'inscrit tout à fait dans l'esprit de l'article 37 du code de déontologie médicale », souligne le Dr Ducloux, qui rappelle qu' « en toutes circonstances, le médecin doit s'efforcer de soulager les souffrances de son malade et éviter toute obstination déraisonnable dans les investigations ou la thérapeutique ».
Mercredi soir, les autorités ordinales ne disposaient pas, quant à elles, des conclusions du rapport d'expertise médico-légale auquel se réfère le communiqué du parquet. En tout état de cause, le président de l'Ordre ne cache pas son « sentiment de gêne à tout point de vuedevant la publicité que le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer accorde à un dossier déjà trop douloureux et trop médiatisé ».
« Cette manière de faire n'est certes pas de nature à rendre l'affaire plus sereine », souligne le Dr Ducloux, qui ne souhaite pas s'engager dans une polémique où s'affronteraient médecins et magistrats, alors qu'il travaille précisément à l'instauration de bonnes relations entre le monde de la médecine et celui de la justice.
De son côté, le défenseur du Dr Frédéric Chaussoy, Me Antoine Duport, estime que l'ouverture de l'information judiciaire offre « de nouvelles perspectives », bien que la « recherche d'une responsabilité en matière criminelle (soit) assez dure car elle peut conduire en théorie à une lourde peine ». En théorie, car l'avocat affirme qu'il a « désormais toute latitude pour montrer les faits justificatifs d'une situation exceptionnelle qui conduiront le juge d'instruction, espère-t-il, à prendre une ordonnance de non-lieu ».
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