ALLER AU-DEVANT des gens, oser tendre le tronc, sourire, expliquer, remercier, saluer. Maîtrisés autant que spontanés, les gestes de la quête annuelle de la Croix-Rouge française, comme le note son président, le Pr Marc Gentilini, ont quelque chose d' « un rituel du civisme ». Un rituel qui, pour fêter cette année son 140e anniversaire, n'en emprunte pas moins une image de jeunesse et de charme, grâce à l'un des 30 000 bénévoles mobilisés pour la circonstance le week-end prochain : l'ex-étudiante en médecine et ex-mannequin vedette, l'actrice Adriana Karembeu.
Sanglée haut dans son blouson beige, sa crinière blond platine retombant sur ses épaulettes rouges réglementaires, Adriana rempile. En 2000, elle avait soutenu, nourri et promu une campagne de sensibilisation aux gestes qui sauvent, rappelant que 10 000 vies supplémentaires seraient épargnées chaque année si 20 % des Français les maîtrisaient (contre seulement 7 % aujourd'hui).
Une source de financement très importante.
L'actrice paie de sa gracieuse personne : elle est devenue formatrice Croix-Rouge attitrée, pour mieux faire passer le message. Et ça passe. La moisson des quêtes est depuis quatre ans en constante progression : 2,9 millions d'euros en 2000, 3,2 en 2001, 3,4 en 2002 et 3,7 l'année dernière.
Une source de financement très importante pour les délégations locales qui puisent là des ressources indispensables à leurs actions de proximité : formation au secourisme, épiceries sociales, vestiboutique, maraudes pour les sans-abris, économies pour renouveler les ambulances, achats de livres pour les ateliers d'alphabétisation... Deux euros permettent ainsi d'acheter un plaid, 8 euros, une couverture de survie, 30 euros, un kit d'enseignement du français à un adulte ou encore un kit bébé.
Ces journées, comme le souligne le Pr Gentilini, « loin d'incarner une vision passéiste et une démarche révolue (...) permettent de rappeler la poursuite d'un même combat contre les souffrances et de défendre une certaine idée des plus pauvres dans une société à réhumaniser ».
Un combat qui aura été mené au cours des douze derniers mois sur quantités de fronts, en France comme à l'étranger : canicule, inondations dans le Sud-Est, déclenchements du plan Grand Froid, couverture sanitaire des Championnats du monde d'athlétisme, guerre en Irak, tremblements de terre en Algérie, au Maroc et en Iran, cyclone à Madagascar.
Pour mener à bien autant d'opérations, la Croix-Rouge française s'appuie sur une armada de bénévoles (53 000, dont 18 000 secouristes), de salariés (18 000), avec 634 établissements de santé, dont 207 structures sanitaires et médico-sociales qui offrent 8 250 lits.
C'est tout cela que les Français sont donc invités à soutenir en déposant leur obole au coin de la rue, dans le tronc de fer blanc que, selon la formule consacrée, leur tendra Adriana... ou, « si elle n'est pas là, c'est Robert qui s'en chargera. Ou Bernard, Gisèle, Charles... ». Là aussi, le casting de la générosité est inchangé, avec, dans le rôle de Robert, le comédien et amateur de kick boxing Jean-Louis Annaloro. Une affiche Croix-Rouge résolument antimorosité et misérabilisme.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature