Ces dernières années, un certain nombre de centres hospitaliers se sont dotés d'une unité d'hospitalisation spécialisée dans la prise en charge des 12-16 ans suicidants ou suicidaires.
Il s'agit d'un dispositif qui répond parfaitement au plan de prévention du suicide mis en place par les pouvoirs publics, ainsi qu'aux recommandations de la conférence de consensus des 19-20 octobre 2000 sur l'accompagnement de la crise suicidaire.
En règle générale, parmi les adolescents concernés, ceux qui entrent à l'hôpital y restent pour une courte durée, n'excédant pas dix jours, le plus souvent dans des lits dits « de crise ». Quelques autres sont admis soit « d'emblée », soit après une évaluation de crise, dans des unités de soins spécialisés en psychiatrie de l'adolescent.
Une fonction de tolérance
A l'hôpital parisien de la Salpêtrière, l'unité spécialisée comporte quinze places à temps plein pour des jeunes présentant des troubles psychologiques divers. Elle leur offre « un espace où ils peuvent élaborer leur passage à l'acte ou leurs idées suicidaires. Dans tous les cas, la fonction de l'hospitalisation consiste à rendre au sujet sa liberté d'action et de pensée qui était aliénée par des facteurs internes, tels que la dépression et/ou des éléments extérieurs sociaux et familiaux stressants ou traumatiques », ont témoigné les Drs D. Perisse et V. Ploytarides lors d'une conférence organisée par le Comité national de l'enfance aux derniers Entretiens de Bichat.
En outre, dans cet espace situé dans un cadre institutionnel et animé par une équipe de soins pluridisciplinaire, les intervenants « représentent des substituts parentaux » qui exercent, par ailleurs, « une fonction de tolérance : l'adolescent n'y sera pas rejeté malgré la mise en acte, notamment auto-agressive de ses conflits ». Ainsi, soulignent les deux praticiens, le recours à ce type d'unité « est indiqué pour des adolescents dont la tentative de suicide, ou la menace suicidaire, est l'expression d'une pathologie psychiatrique sous-jacente, ou pour qui le contexte socio-familial est particulièrement défaillant. Il s'agit donc, insistent-ils, de situations graves dont l'enjeu, au-delà même de la gravité du geste suicidaire, est l'équilibre du sujet à long terme ».
Agir en milieu scolaire
L'intervention médico-psychologique dans les établissements d'enseignement, après une tentative de suicide, voire un suicide, se révèle complémentaire et efficace. En juillet 1995, une cellule d'urgence a été mise en place dans la capitale pour agir en ce sens. Depuis, l'exemple a été repris un peu partout sur le territoire. Concrètement, rapporte Mme Fayolet, psychologue clinicienne au CHU Necker - Enfants-Malades, « des collaborations avec des unités de pédopsychiatrie permettent de gérer les incidents ou les accidents concernant les élèves ». Par exemple, la cellule d'urgence a été conduite à intervenir après une prise d'otages à Clichy, en 1996, ou encore dans un lycée parisien, en novembre 2000, au lendemain d'une tentative de suicide.
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