THEATRE
PAR ARMELLE HELIOT
L A littérature était sa terre natale, le théâtre le pays qu'elle s'était choisi. Simone Benmussa, nièce d'Henri Smadja, l'un des grands patrons de « Combat », aurait pu devenir journaliste. Mais c'est au sein de la compagnie Renaud-Barrault qu'elle aura trouvé son accomplissement.
Elle dirigea d'abord le service culturel, donnant aux Cahiers Renaud-Barrault un rayonnement qui dépassait celui d'une revue d'information. A partir de 1976, Simone Benmussa signa ses premières mises en scène : choix de textes rares, d'acteurs profonds, à forte personnalité. Il en fut ainsi pour son premier spectacle, « la vie singulière d'Albert Nobbs », d'après une nouvelle de George Moore. La pièce fut jouée avec un grand succès à Paris par Juliet Berto, à Londres par Susannah York, à Rome par Maddalena Crippa, en Irlande par Jane Brennan, à New York par Glenn Close.
Les acteurs l'aimaient, elle était aussi l'amie des écrivains et réussit en 1983 à monter, dans la joie du jeu, une pièce de Virginia Woolf, « Freshwater », avec une distribution très particulière : Eugène Ionesco, Nathalie Sarraute, Viviane Forrester, Joyce Mansour, Florence Delay, Guy Dumur, Alain Robbe-Grillet, Michel Deguy, Jean-Paul Aron - dans la Reine Victoria ! - en étaient les interprètes.
Parmi des dizaines de mises en scène, souvent de délicates adaptations de textes pas toujours écrits pour le théâtre, des nouvelles souvent, de brefs récits, la création de « Pour un oui ou pour un nom », de Nathalie Sarraute, avec Jean-François Balmer et Sami Frey en 1986, au Rond-Point (et sa reprise il y a deux ans à la Comédie des Champs-Elysées), fit événement. Tout comme « Enfance » d'après Nathalie Sarraute, jouée en France par Martine Pascal et aux Etats-Unis par Glenn Close.
Léon Tolstoï, Henry James, Gertrud Stein, Goffredo Parise, Jane Bowles, Goffredo Parise, Severo Sarduy, Hélène Cixous et jusqu'à Agatha Christie,
Simone Benmussa avait monté des expositions spectacles (Callas, Mozart) et avait écrit un roman « Le Prince répète le Prince » (Seuil, 1984), des essais, notamment sur Ionesco, et elle laisse un livre d'entretiens avec Nathalie Sarraute qui demeure une référence.
Macha Méril, qui a rendu hommage à son amie, parle du caractère « noble et fier » de Simone Benmussa. Deux mots qui disent tout.
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