Que « le Quotidien du Médecin » dise au revoir à l’une de ses anciennes journalistes est quelque chose de naturel, certains penseront banal.
Mais la mort d’Anne-Marie Casteret n’est pas, pour tous ceux qui l’ont connue, quelque chose de banal. Pas plus qu’Anne-Marie n’était quelqu’un de banal.
Mais qui est donc Anne-Marie Casteret ? se demandent certains. Tout simplement, la journaliste qui a fait éclater le scandale du sang contaminé. Nul ne peut nier ce fait, même si à tous les stades de cette sinistre histoire, beaucoup ont tout fait pour brouiller les pistes.
A cette époque, Anne-Marie travaillait à « l’Evénement du Jeudi », car après plusieurs années passées à la rédaction médicale du « Quotidien », elle avait compris que sa vraie passion était le journalisme grand public. Ayant continué à suivre sa carrière d’assez près, je peux dire que, plus que quiconque, elle m’a conduit à respecter le journalisme. Tout d’abord parce que sa hargne à pourfendre toutes les hypocrisies ne l’a jamais conduite à des approximations, ou à des enquêtes bâclées. Sa passion véhémente, même si elle la conduisait à des formules cinglantes, ne lui valait pas que des remerciements, mais ne l’a jamais détournée d’une totale liberté de pensée : d’ailleurs, ne fallait-il pas cela, pour s’attaquer à un mythe dit de gauche, «le sang gratuit et républicain ne peut être impur», quand toutes vos valeurs vous portent vers la gauche la plus authentique ?
On a compris que si Anne-Marie était médecin de formation – ce dont elle se servait dans ses enquêtes – c’est à la journaliste qu’il faut rendre hommage.
Notre adieu à Anne-Marie n’est donc pas formel, car il nous donne l’occasion de rappeler que le journalisme d’investigation a une grande fonction, même et surtout quand il dérange. De rappeler aussi que le principe de précaution, que l’on utilise maintenant à tort et à travers, est le fils naturel du scandale du sang contaminé, un scandale que l’on a tout fait sinon pour oublier, du moins pour le relativiser (cela t’énervait beaucoup, n’est-ce pas Anne-Marie ?).
Après de nombreuses années passées à lutter contre une implacable maladie, là encore avec beaucoup de courage et de discrétion, tu mérites bien le repos.
Espérons que la douleur de Briac et Clément, tes fils, sera un peu atténuée par la fierté d’avoir eu une mère peu banale, au bons sens du terme.
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