La sérologie de B. henselae est suffisamment fiable pour, lorsqu'elle est positive, éviter d'avoir à réaliser une biopsie. L'intérêt d'une antibiothérapie est controversé. L'azithromycine est parfois intéressante pour diminuer la taille des adénopathies. En cas d'infection systémique, on peut prescrire de la gentamycine, de la rifampicine ou de la ciprofloxacine.
L'observation est celle d'une femme de 29 ans amenée à consulter son généraliste pour un gonflement indolore apparu dans l'aine droite. Le praticien demande une ponction biopsie d'une adénopathie, qui montre une réaction ganglionnaire, confirmée par l'échographie, avec la présence de plusieurs adénopathies dans la même région, sans que l'on n'en décèle dans les autres aires. A part cela, le pelvis est apparu normal à l'échographie. Mais deux lésions hypoéchogènes sont trouvées au niveau du lobe droit du foie et de multiples images de la même sorte sont observés au niveau de la rate. Des tests hépatiques montrent une augmentation modérée des phosphatases alcalines, des transaminases (SGOT) et des gammaGT. L'amylasémie est normale.
Le diagnostic de sarcoïdose est suspecté
Les cultures des prélèvement ganglionnaires ne livrent pas de germes et, devant l'aspect de centres germinatifs proliférants et la présence de lésions de granulomatose nécrosante, le diagnostic de sarcoïdose est suspecté et la patiente est confiée au pneumologue.
Comme aucun symptôme de maladie systémique ne se manifeste, qu'il n'y a pas de sueurs nocturnes, et que l'appétit reste bon et le poids stable, les investigations s'orientent vers une recherche infectieuse. Un MNI-test revient négatif. La recherche du virus EBV est positive, mais indiquant une infection passée. On ne trouve pas de preuve d'infections par Mycoplasma pneumoniae, Coxiella burnetti (fièvre Q) ou Chlamydia psittaci. Enfin, les sérologies pour Bartonella henselae permettent d'évoquer l'infection par ce germe : IgM 0< 20, mais IgG > 256.
Un scanner abdominal confirme la présence de grosses adénopathies à l'aine droite, sans en montrer d'autres dans la cavité abdominale.
Après quatre mois d'évolution, les IgG pour B. henselae restaient élevés et les IgM s'étaient accrus pour dépasser 20.
La résolution de l'infection intervint spontanément avec le temps, sans antibiothérapie. Les tests fonctionnels hépatiques sont revenus progressivement à la normale.
La patiente se souvint après coup avoir été griffée par un chat du voisinage au niveau de l'aine, environ un mois avant l'apparition des adénopathies.
Cette observation donne aux auteurs l'occasion d'évoquer la maladie des griffes du chat, que l'on sait due à B. henselae.
Les chatons, parfois les lapins d'appartement
Cette infections touche généralement les enfants et les adultes jeunes (80 % des sujets atteints ont moins de 21 ans). Des lymphadénopathies régionales, précédées d'une papule érythémateuse au site d'inoculation, se développent dans la plupart des cas. Une étude chez 268 patients présentant une maladie des griffes du chat montre que les signes systémiques surviennent plus souvent chez les patients immunodéprimés. Ils peuvent inclure une fièvre, des malaises, une anorexie, des céphalées et une splénomégalie. Des complications de la maladie systémique peuvent survenir : pneumonie, encéphalite et hépatite.
B. henselae est endémique aux Etats-Unis, en Europe, en Afrique, en Australie et au Japon. Les chatons constituent le réservoir principal du germe et le vecteur est une puce qui infeste les chats. D'autres mammifères peuvent être infectés, tel le lapin d'appartement.
Alexander Williams, Christopher Sheldon et Terry Riordan, « BMJ », vol. 324, 18 mai 2002, pp. 1199-2000.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature