La première idée est une fausse bonne idée : puisqu'il est question dans « la Folle de Chaillot » d'un gisement de pétrole qui dormirait sous la colline, François Rancillac a goudronné la terrasse de Chez Francis où se déroule la première partie de la pièce. C'est dommage parce que cela englue littéralement les personnages et l'on retrouve mieux la vérité de l'uvre après l'entracte dans l'antre de la meneuse du jeu.
C'est un détail. Car, pour le reste, même si l'on ne peut s'interdire de penser que le metteur en scène ne s'est pas vraiment passionné pour la pièce, le spectacle est plaisant et Rancillac donne un excellent rythme à la représentation.
« La Folle de Chailot » exige une distribution très nombreuse, et, de ce point de vue-là, le metteur en scène a réussi à donner aux différents personnages une personnalité forte immédiate. Objet théâtral compliqué à manier, « la Folle de Chaillot » prend aujourd'hui des résonnances étonnament proches et l'on devine que le public est frappé par ce caractère-là. La langue de Giraudoux est vive et drue, déliée, coloriée comme album enfantin. La grâce et la fantaisie, les acteurs la portent avec finesse : ainsi l'excellent Jean-Claude Penchenat donne-t-il au chiffonnier une épaisseur et une fantaisie délicieuses. Tout le monde est juste mais bien sûr Aurélie domine son monde. Judith Magre est comme toujours étonnante de vitalité, de liberté, d'allégresse amusée. Elle possède la noblesse et la générosité de ces grands solistes qui se plient avec humilité au jeu de la troupe. Elle n'écrase jamais ses partenaires, elle partage, elle est attentive aux autres, à l'écoute. Exactement comme cette meneuse imaginative d'Aurélie !
Théâtre de l'Athénée, jusqu'au 16 février. Durée : 3 h entracte compris (01.53.05.19.19.). Une tournée suit. Actuellement à l'Athénée, et jusqu'au mois de mai, une très belle exposition construite à partir du fonds photographique Lipnitzki-Viollet se déploie dans tout le théâtre.
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