THEATRE
PAR ARMELLE HELIOT
Deux spectacles élaborés dans la probité, un grand sérieux, un grand souci de la langue et du sens.
Le quatuor de « l'Echange » ne convainct pas complètement. Dans le grand et harmonieux décor de rivage d'océan de Jean-Paul Chambas, les belles lumières d'Alain Poisson, le travail de Jean-Pierre Vincent se déploie dans la précision, la fluidité. Rien de timoré. Il saisit Claudel comme il convient, de la boue aux étoiles, du sacrifice aux pouvoirs de l'argent.
Mais jouer Claudel suppose une précision musicale que les comédiens réunis, le jour où nous avons vu le spectacle, n'avaient pas trouvé. Ils n'y étaient pas, comme des musiciens ou comme des chanteurs qui prennent faux une partition. L'accent que s'impose Julie Brochen, Marthe, la hauteur de ton d'Elizabeth Mazev, Lechy, ne conviennent pas. Ils corrodent le sens malgré le travail profond des actrices, leur investissement réel dans les personnages.
Jérôme Huguet, Louis, a la puissance naturelle et la vulnérabilité cachée qui conviennent. Jean-Marie Winling, formé à l'école Vitez, notamment, s'approche mieux des secrets des personnages et de l'uvre.
Fausses notes
André Marcon, « Tête d'or » , lui, manque de l'appui d'un projet spectaculaire cohérent. La pièce est difficile, rétive, complexe. Sans blesser le metteur en scène, femme intelligente, il faut bien dire que le résultat est plus que décevant et qu'on a le sentiment d'un travail d'amateurs. Les comédiens réunis ne manquent pourtant pas d'expérience. Mais là aussi il est question de justesse de ton, musicalement, et il suffit d'une voix fausse pour tout mettre par terre.
Marcon, tel qu'en lui-même, a toute la puissance émotive qui convient et il a scruté le texte avec la patience qui lui est consubtancielle. Son lyrisme contenu touche. Carine Baillod est un peu livrée à elle-même. Mais elle a l'aristocratique sensibilité qui donne à son travail une haute flamme (elle jouait dans « l'Otage », la saison dernière. On le reverra. Sobel reprend son spectacle en 2002.
Théâtre de Nanterre-Amandiers jusqu'au 10 novembre. Durée : 2 h 20 sans entracte (01.46.14.70.00). Théâtre des Bouffes du Nord jusqu'au 11 novembre. Durée : 3 h 30 entracte compris (01.46.07.34.50).
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