Le laser à colorant pulsé à faible densité d'énergie est utilisé dans le cas des cicatrices atrophiques d'acné. Comme des observations anecdotiques d'amélioration à long terme de formes inflammatoires d'acné ont été rapportées après ce traitement, Edward Seaton et coll. (London's Hammersmith Hospital, Royaume-Uni) ont tenté l'essai, dans une étude randomisée en double aveugle contre « placebo » (en fait, une simulation).
Les 41 adultes recrutés, âgés de 18 à 45 ans, présentaient une acné inflammatoire du visage, définie par « la présence d'au moins dix papules ou pustules avec un score de sévérité compris entre 2 et 7 sur l'échelle révisée de cotation de Leeds ». Une période de « wash-out » a été respectée.
Parmi les sujets, 31 ont reçu une dose de laser à colorant pulsé de 585 nm. Les dix autres ont eu une simulation de traitement : le médecin a déplacé sur leur visage la pièce du laser déconnecté de la même manière qu'en « vrai ».
Des évaluations de la sévérité de l'acné (critère principal) et du nombre des lésions (critère secondaire) ont eu lieu après 2, 4, 8 et 12 semaines.
Nombre des lésions diminué de 53 %
Les résultats montrent, au bout de trois mois, en utilisant l'échelle révisée de Leeds, une réduction de la sévérité de l'acné de 3,8 à 1,9 dans le groupe traité et de 3,6 à 3,5 parmi les sujets contrôles (p = 0,007). Le nombre total des lésions est diminué de 53 % et de 9 % dans les deux groupes (p = 0,023). Quant au nombre de lésions inflammatoires, il est réduit de 49 %, contre 10 % (p = 0,024). L'amélioration la plus rapide a été observée durant les quatre premières semaines après le laser.
Ce traitement a été très bien toléré sur l'acné inflammatoire, indiquent les auteurs. Et il peut être utilisé sur les peaux très colorées, comme le montrent les cas de personnes noires incluses.
L'acné commune est une maladie complexe, où se combinent une stimulation de la sécrétion sébacée par les androgènes, une rétention sébacée dans le follicule pileux, une prolifération bactérienne, une kératinisation anormale dans le follicule et la réponse immunitaire aux bactéries. Les raisons du défaut causal demeurent obscures. L'un des micro-organismes, Propionibacterium acnes, anaérobie, est naturellement présent dans le follicule. Le traitement classique est réalisé à l'aide d'un rétinoïde topique pour corriger la rétention dans le follicule et un agent antimicrobien (doxycycline ou minocycline) qui a aussi une activité anti-inflammatoire.
La lenteur des traitements conventionnels
« La rapidité de la réponse au laser contraste avec la lenteur des traitements conventionnels, notamment les antibiotiques, qui doivent souvent être pris pendant six à huit semaines avant que les bienfaits soient visibles », soulignent Seaton et coll. « Et la durée de la réponse suggère que le laser n'agit pas seulement sur P. acnes , comme le ferait toute source de laser, mais indique aussi l'éventualité d'un effet sur la réponse immunitaire à la bactérie. »
« Dans l'étude d'Edward Seaton et coll., la plupart des patients ont eu une diminution significative des lésions, mais n'ont pas été débarrassés entièrement de leur acné », note Guy Webster (Philadelphie), dans un commentaire. La réponse de l'acné au laser à colorant pulsé paraît être à peu près la même que la réponse au benzoyl peroxyde topique (un anti-inflammatoire local), estime le commentateur.
Les traitements actuels ont tous des défauts : irritations par les préparations topiques, lenteur des réponses et apparition de résistances aux antibactériens. Quant à l'isotrétinoïne orale, dont l'efficacité sur le différenciation et la division cellulaire a fait récemment glisser les indications des acnés sévères à des formes légères à modérées, ne répondant pas à l'antibiothérapie systémique, elle peut être associée à un cortège d'effets secondaires importants (myalgies, arthralgies, hépatites, hyperlipidémies...). La confirmation des résultats, nécessaire par des investigations supplémentaires, ferait du laser à colorant pulsé une alternative intéressante.
« The Lancet », vol. 362, 25 octobre 2003, pp. 1347-1353 et commentaire p. 1342.
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