Une étude menée chez la souris par des chercheurs du National Institute on Aging américain, et publiée dans le « Journal of Neuroscience » (1), suggère que l'acide folique pourrait jouer un rôle essentiel dans la protection du cerveau contre les lésions observées dans la maladie d'Alzheimer.
Ce travail a porté sur des souris transgéniques ayant dans leur cerveau des plaques de type amyloïde. Ces souris ont été réparties en deux groupes : les unes ont été soumises à un régime contenant des quantités normales d'acide folique ; les autres ont eu une alimentation carencée en acide folique.
Les chercheurs se sont alors intéressés à la densité de neurones présents dans l'hippocampe, zone essentielle pour l'apprentissage et la mémoire, détruite par l'accumulation de plaques amyloïdes dans la maladie d'Alzheimer. Résultat : chez les souris carencées en acide folique, il y a diminution du nombre des neurones.
Les chercheurs ont également constaté que les souris carencées en acide folique avaient des taux élevés d'homocystéine, à la fois dans le sang et dans le cerveau. Selon eux, des taux cérébraux élevés d'homocystéine pourraient provoquer des lésions de l'ADN des neurones de l'hippocampe. Chez les souris non carencées en acide folique, les neurones de l'hippocampe sont capables de réparer les dégâts de l'ADN. Chez les souris carencées, ils en sont incapables.
« Ces nouveaux résultats suggèrent une possible relation de cause à effet entre des taux élevés d'homocystéine et la dégénérescence des neurones impliqués dans l'apprentissage et la mémoire dans un modèle murin de maladie d'Alzheimer », indique Mark Mattson, principal investigateur de cette étude.
Les sujets atteints de maladie d'Alzheimer ont souvent de faibles taux sanguins d'acide folique dans le sang. A quoi cela est-il dû ? On ne peut exclure un simple problème de malnutrition lié à la maladie. Mais, fort de travaux en cours, Mattson estime que le fait de consommer de bonnes quantités d'acide folique (soit sous forme de suppléments soit sous forme alimentaire) pourrait être bénéfique pour le cerveau vieillissant, et pourrait le protéger contre la maladie d'Alzheimer et d'autres maladies neurodégénératives.
Rappelons que l'acide folique est présent dans les légumes à feuilles verts, les agrumes et leurs jus, le pain complet et les haricots secs. Rappelons également que, depuis 1998, pour lutter contre les défauts de fermeture du tube neural, la FDA américaine recommande d'enrichir en acide folique le pain, les céréales, les pâtes, le riz... Il faudra des années avant de voir si cette mesure peut influencer l'incidence de la maladie d'Alzheimer. Un essai clinique est prévu.
(1) « Journal of Neuroscience » du 1er mars 2002.
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